[Paroles de citoyens] "Un combat contre l’ignorance"

Thomas est professeur des écoles à Maisons-Alfort (Val-de-Marne). S’il ne blâme pas totalement la vie parisienne, il lui préfère sa Bretagne natale. Mais il devra patienter 20 ans pour la retrouver. De quoi corriger quelques clichés sur la ruralité d’ici là.

La Bretagne, cette contrée lointaine où l'on trouve de l'eau dans les nitrates, la patrie des algues vertes d'origine incontrôlée, cet univers de concentration et d'extermination animale, à en croire certains. Mais qui peut bien en rêver ? « Moi », répond Thomas (sans lever la main). A la veille du week-end, le professeur des écoles était au Salon de l'agriculture avec sa classe de CM1. On salue au passage la double témérité : celle d'organiser des sorties scolaires en cette époque toujours plus procédurière, celle de déambuler avec une trentaine d'enfants dans les allées bondées du salon. « Les élèves sont extraordinaires, ils s'intéressent à plein de choses, c'est fantastique », s'enthousiasme Thomas.

Puisqu'il était question de cliché un peu plus haut, on en profite pour balayer devant la porte de la ferme : les enseignants font (aussi) le job ! « La visite au Salon de l'agriculture s'inscrit dans la démarche E3D », poursuit Thomas.. A chacun ses sigles. Nous en agriculture, on fait dans l'AOC, la HVE, les ZNT, le BEA... « E3D pour École en démarche de développement durable », précise-t-il. « Nous vulgarisons tout ce qui relève de l'écocitoyenneté, dans nos enseignements mais aussi dans le fonctionnement même de l'école, avec par exemple la pratique du compostage ».

La Bretagne, un grand coin de paradis

Originaire de Saint-Brieuc (Côtes d'Armor), Thomas est enseignant depuis dix ans en région parisienne. Il se prépare à y réaliser l'intégralité de sa carrière, sans espoir de retour au bercail avant la retraite. « L'Éducation nationale, ça marche avec un système de points, c'est très compliqué, vous savez ». Si cela vous rappelle une autre Administration.... « Heureusement, toutes les six semaines, on a les vacances et on s'échappe ». Là par contre Thomas, le parallèle avec l'agriculture va être un petit peu plus compliqué. « La Bretagne, c'est notre soupape de décompression avec ma compagne, elle aussi d'origine bretonne. Paris, c'est le centre du monde de la culture mais moi je rêve de repartir en Bretagne, c'est la terre de mes aïeux. Pour moi là- bas, c'est la vraie vie, c'est la respiration, le grand air, les grands espaces et puis la mer ». Allez-y Thomas, faites-vous du bien.

Du BEH à l'E3D

Petit-fils d'agriculteurs (bretons), le jeune homme ne reconnait pas le portrait au vitriol que l'on dresse ici ou là de l'agriculture. « En France, on a chance de bénéficier d'une alimentation saine, bio ou pas bio. Mes grands-parents étaient respectueux de la terre et des animaux et ils m'ont transmis ces valeurs. Il faut lutter contre l'ignorance ».

En tant que professeur des écoles, Thomas est en première ligne. On aurait aimé questionner le jeune homme sur le BEH (le Bien-être humain) dans les transports terrestres et souterrains parisiens, lui qui, résidant dans l'Essonne, y passe une heure matin et soir. Mais le professeur des écoles a dû se replonger dans l'E3D avec ses élèves. En attendant les prochaines vacances.

Retrouvez toute la série « Paroles de citoyens », réalisée au Salon de l’agriculture 2020 :

"Il faudrait 51 Pernaut pour défendre l’agriculture"

"Ah c’est ça les circuits courts ?"

"L’agribashing, c’est insupportable"

"Un combat contre l’ignorance"

"Notre visite au Salon, une preuve d’amour envers les agriculteurs"

"On reste des viandards, mais..."

"Plutôt que des zones non traitées, je préfèrerais que la bio se généralise"

Oui à la terre, malgré « Au nom de la terre »