[Paroles de citoyens] "Plutôt que des zones non traitées, je préfèrerais que la bio se généralise"

Avec ses parents et ses enfants, Hélène est venue passer une journée au Salon. Devant un stand de pommes bio, la factrice originaire de Seine-Maritime plaide pour une agriculture sans pesticides... tout en ignorant que la bio y a aussi recours.

« Les champs sont peut-être à 3 mètres de chez moi, donc le nouveau règlement me satisfait. Mais en même temps, les produits sont très volatiles, donc ça ne pas changer grand-chose ». Le Salon de l'agriculture, c'était une première pour Hélène et ses deux enfants, originaires d'Ypreville-Biville (Seine-Maritime). Ses parents, Isabelle et Régis, du village voisin de Limpiville étaient aussi du voyage. S'ils sont venus avant tout pour voir les animaux, ils n'ont pas dédaigné déguster la Juliet, une pomme bio 100% française. « On a arrêté les produits transformés et on mange de plus en plus bio mais pas à 100% car c'est plus cher et pas toujours facile à trouver », déclare Isabelle. « Il faudrait que la bio se généralise », plaide Hélène. « Les pesticides, ce n'est bon ni pour la santé, ni pour l'alimentation ».

Sait-elle que la bio n'exclut pas le recours à un certain type de pesticides ? « Ah bon ? », s'exclame-t-elle. « Oui mais il y a quand même des insectes pour régler certains problèmes ». Bien vu Hélène. Et le glyphosate ? « Quand on voit ce qu'en dit la télé et comment ça tue les mauvaises herbes... ». Et les médicaments pour tuer les mauvais germes ? « On essaie de ne pas en abuser », assure la mère de famille. Comme les agriculteurs les produits phyto en fait... « C'est vrai », note Isabelle. « J'ai un cousin agriculteur qui fait du raisonné, il m'a dit qu'il touchait un peu de sous pour ça ».

Pas hérissés à la vue d'un pulvé

Si les pesticides ne sont pas trop en odeur de sainteté, la famille ne fait pas dans le dogmatisme et le jusqu'au-boutisme. Il se trouve que Régis, le père d'Hélène, est le maire de Limpiville, le village voisin du sien. Pas d'arrêté anti-pesticides à l'ordre du jour ? « Cela ne sert à rien, c'est contraire à la loi », répond l'édile.

La vue d'un pulvérisateur ne hérisse pas davantage la famille. « J'évite que mes petits-enfants soient dehors quand un agriculteur traite », déclare Isabelle. « De toute façon, ils traitent plutôt quand on n'est pas là, ils font davantage attention ». Encore un bon point. « Oui mais enfin, les champs de pommes de terre à côté, ils n'arrêtent pas de traiter ».

Confiance dans les petits agriculteurs

La télé constitue la principale source d'information de la famille. Isabelle estime que les médias défendent plutôt la cause des agriculteurs, s'agissant de la faiblesse de leurs revenus par exemple. « Dans ma région, je ne les plains pas », lance-t-elle. « Vous n'avez pas vu l'émission Capital l'autre soir ? (dimanche 23 février, NDLR). « C'est les petits agriculteurs qui s'en sortent le mieux ». Nos visiteurs ont un faible pour les petits agriculteurs, même s'ils ne sont pas bio. La famille, qui a son propre potager, achète des œufs, des poulets, des lapins à un voisin agriculteur. « C'est pas bio mais je sais d'où ça vient. S'il apprend que je dis du mal des pesticides, ouh là là... ».

Retrouvez toute la série « Paroles de citoyens », réalisée au Salon de l’agriculture 2020 :

"Il faudrait 51 Pernaut pour défendre l’agriculture"

"Ah c’est ça les circuits courts ?"

"L’agribashing, c’est insupportable"

"Un combat contre l’ignorance"

"Notre visite au Salon, une preuve d’amour envers les agriculteurs"

"On reste des viandards, mais..."

"Plutôt que des zones non traitées, je préfèrerais que la bio se généralise"

Oui à la terre, malgré « Au nom de la terre »