Dans les Pyrénées-Orientales, des interdictions d’irriguer graduées

Alors qu’une majeure partie du département est placée en situation de « crise sécheresse », la préfecture a ménagé des mesures de proportionnalité pour les jeunes plantations, les systèmes d’irrigation économes en eau ou encore les cultures hors-sol et sous abri. L’abreuvement des animaux ne fait l’objet d’aucune restriction.

En situation d’alerte renforcée depuis le 23 février, le département des Pyrénées-Orientales a basculé ce 10 mai en « crise sécheresse » sur une majeure partie du territoire. Un classement acté jusqu’au 13 juin et qui interdit de facto les prélèvements d’eau à usage agricole mais que les autorités ont appliquée avec discernement. « La concertation mise en place a permis d’adapter, dans une logique d’intelligence collective, un certain nombre de dispositions pour, au final, atteindre un maximum d’économie d’eau avec un minimum d’impact économique, social et environnemental », indique la préfecture dans un communiqué.

La majeure partie du département des Pyrénées-Orientales est placée en situation de « crise sécheresse » (Source : préfecture des Pyrénées-Orientales)
La majeure partie du département des Pyrénées-Orientales est placée en situation de « crise sécheresse » (Source : préfecture des Pyrénées-Orientales)

Un principe de proportionnalité inscrit dans le Code de l’environnement

La préfecture s’appuie sur un article du Code de l’environnement (art. R211-66) qui ménage un « principe de proportionnalité » en situation de crise. C’est ainsi que demeure possible, selon l’arrêté préfectoral, l’arrosage des cultures maraîchères en plein champ en réduisant les prélèvements de 80% en système d’irrigation gravitaire, de 50% en système d’irrigation localisée. La réduction des prélèvements est fixée à 30% pour les cultures hors-sols et à 40% pour les cultures sous-abri. L’arrosage des arbres, arbustes et vignes plantés de moins de 3 ans reste autorisé moyennant une réduction des prélèvements de 50%. Passés l’âge de 3 ans, les prélèvements sont réduits de 80% pour les systèmes d’irrigation gravitaire et de 50% en système d’irrigation localisée (goutte-à-goutte, micro aspersion). L’abreuvement des animaux ne fait l’objet d’aucune restriction.

L’arrêté du 23 février dernier avait porté de 25% à 50% les restrictions de prélèvement sur le réseau gravitaire et institué une restriction de 25% sur le réseau sous pression.

Le ministre de l’Agriculture dans un verger d’abricotiers à Espira-de-l’Agly le 6 mai
Le ministre de l’Agriculture dans un verger d’abricotiers à Espira-de-l’Agly le 6 mai

Des restrictions sans impact sur les indemnisations de l’Etat

Présent dans le département le 6 mai dernier, le ministre de l’Agriculture avait avalisé le principe « d’un débit minimal » réservé à l’agriculture. « Ce n’est pas un sujet Pyrénées-Orientales mais un sujet national de souveraineté alimentaire, avait-il déclaré auprès d’arboriculteurs et de maraichers des communes d’Espira-de-l’Agly et d’Ille-sur-Têt. Là où il y a encore de l’eau, il faut en réserver un débit minimal aux vergers pour prévenir les risques de pertes de fonds et préserver l’outil de travail ». « Si on ferme l’eau, on ferme l’agriculture », avait-il ajouté.

Avec une pluviométrie de 200 mm en 12 mois, le département connaît « une situation de sécheresse historique dont l’intensité et la durée n’ont pas d’équivalent depuis le début des relevés météorologiques en 1959, et probablement, bien au-delà », indique la préfecture. En dehors de l’irrigation agricole, de nombreux autres usages de l’eau (prélèvements dans les cours d’eau pour usage domestiques, arrosage des potagers, pelouses, espaces verts, terraines de sports, golfs, etc.) sont également réglementés.

S’agissant des futures indemnisations pour pertes de récolte, le ministre de l’Agriculture a annoncé que les décisions administratives de restriction d’irrigation ne limiteraient pas les indemnisations de l’Etat inhérentes au Fonds de solidarité national institué par le nouveau dispositif de gestion des risques entré en vigueur le 1er janvier dernier. En revanche, les non assurés percevront une indemnisation à hauteur de 45% des pertes dépassant les seuils de perte de 30% (arboriculture et prairies) ou 50% (légumes, la vigne et les grandes cultures) alors que les assurés seront indemnisés à hauteur de 90%.