Irrigation : radiographie du bassin Adour-Garonne

Surfaces, espèces, charges proportionnelles, volumes de production, valeur ajoutée et emploi imputables à l’irrigation : immersion dans l’économie de l’agriculture irriguée au sein du plus important bassin hydrographique concerné, le bassin Adour-Garonne.

En 2020, l’irrigation représentait 6,8% de la surface agricole utile, autant dire une goutte d’eau, mais élevant tout de même l’agriculture au 1er rang (58%) de la consommation nationale d’eau douce. Dévoilé par le président de la République le 30 mars dernier, le Plan eau préfigure un renforcement de la ressource, le Plan eau préfigure un renforcement de la ressource, au service d’une irrigation de sécurisation et de résilience, respectueuse des milieux, sans envolée des volumes et sans s’affranchir d’une évolution des assolements, plus sobres et plus protecteurs des sols. Ni plus ni moins que se préconisait un rapport publié en juillet 2020, co-écrit par les ministères de l’Agriculture et de la Transition écologique.

Le bassin Adour-Garonne

En décembre 2021, les services statistiques du ministère de l’Agriculture publiaient une analyse macro-économique (Bassin Adour-Garonne : économie de l’agriculture irriguée) visant à objectiver la place de l’irrigation dans l’économie agricole du bassin Adour-Garonne, l’un des six bassins hydrographiques de France métropolitaine, bassins qui constituent depuis 1964 le périmètre de gouvernance et de gestion de la ressource en eau via les Agences de l’eau et les Comités de bassin.

Le choix d’Adour-Garonne, qui s’étend sur 26 départements, dont une large majorité située dans les Régions Nouvelle-Aquitaine et Occitanie, ne doit rien au hasard. Selon le ministère de la Transition écologique, l’agriculture y est la première activité consommatrice d’eau (80%), une proportion nettement plus élevée qu’en Loire-Bretagne, 2ème au classement (59%) et qu’en Rhône-Méditerranée-Corse (3ème à 57%), la moyenne nationale se situant à 58%. La SAU irriguée représente 11% de la SAU du bassin et 30% de la SAU nationale irriguée. Une exploitation sur cinq (22%) a recours à l’irrigation

16% de SAU irrigable, à 42% cultivée en maïs

Située à 3% en 1970, la sole irrigable a progressé sous l’effet des investissements collectifs et individuels pour atteindre un point haut de 16% en 2000, avant de se stabiliser à 14% en 2020, année où la surface réellement irriguée pointe à 11%. Le maïs se place largement en tête des surfaces irriguées mais depuis 1988 et son point haut à 54% de la surface irrigable, sa part ne cesse de baisser pour atteindre 42% en 2020. Cette part inclut le maïs semences, dont le bassin assure 66% de la production nationale. Toutes espèces confondues, la production de semences mobilise près de 19% de la sole irriguée. L’érosion de maïs dans la sole irriguée profite au soja et au tournesol en grandes cultures, ainsi qu’à la production de fruits et légumes.

Le « baromètre » établi par Weenat pour la Région Occitanie en date du 22 mars 2023 (Source : Weenat)
Le « baromètre » établi par Weenat pour la Région Occitanie en date du 22 mars 2023 (Source : Weenat)

Liens entre chiffre d’affaires et charges

Les exploitations très fortement liées à l’irrigation multiplient par 2,3 leur chiffre d’affaire comme leurs charges, par rapport à la moyenne des types sans lien à l’irrigation. Pour un fort lien, le chiffre d’affaire est multiplié par 1,1 et pour un lien moyennement fort par 1,4 avec des charges comparables aux systèmes en lien fort. Lorsque le lien économique est moyen, les exploitations ont des chiffres d’affaire comparables aux sans irrigation mais des consommations intermédiaires à l’hectare 1,4 fois plus importantes. Pour les systèmes de production moins liés, le chiffre d’affaire est 1,2 fois supérieur aux exploitations sans irrigation mais avec des charges qui sont proportionnellement supérieures

41% de la valeur de la production végétale

En valeur, la production imputable à l’irrigation équivaut 41 % de la valeur de la production végétale du bassin, hors vins. Le taux de valeur ajoutée (différence entre les ventes et les consommations intermédiaires) s’établit à 25%, sec et irrigués confondus. Les exploitations très fortement ou fortement liées à l’irrigation dégagent les meilleurs taux de valeur ajoutée. Ainsi, à partir d’un échantillon des bénéfices agricoles (26.000 exploitations), le taux de valeur ajoutée observé se situe entre 24% et 33 %. Les exploitations moyennement liées ont un taux de valeur ajoutée autour de 20 %. A titre indicatif, les systèmes bovins lait sont en-dessous de 15 %.

Près d’un emploi sur cinq

17 % des Unités de travail agricole annuel (UTA) du bassin sont considérés en lien avec l’irrigation : 6 % en arboriculture, 3 % pour les légumiers, 5 % en grandes cultures et 3 % en polyculture-élevage. Dans les territoires où elles sont les plus présentes, les productions en lien avec l’irrigation pourvoient un volume d’emplois salariés permanents à hauteur de 48 % des UTA, la part du salariat se situant à 39% toutes productions confondues au sein du bassin.