Pacte et loi d’orientation et d’avenir agricoles : l’ultimatum des JA et de la FNSEA

Arnaud Gaillot dénonce la léthargie politique et administrative sur le Pacte et loi d’orientation et d’avenir agricoles (PLOAA) tandis qu’Arnaud Rousseau déplore un manque de « confiance », critiquant les augmentations des taxes et redevances sur l’eau et les pesticides.

« Si la loi d’orientation ne voit pas le jour à l’Assemblée nationale avant le Salon de l’agriculture, ça va être compliqué pour le président de la République de venir déambuler au salon » : telle est la mise en garde adressée par Arnaud Gaillot lors d’une conférence de presse au Sitevi à Montpellier (Hérault). Le président des JA perd patience. Depuis l’annonce originelle par le président de la République aux Terres de Jim en septembre 2022 et le rendu des rapport de synthèse en juin dernier, les organisations syndicales ne voient toujours rien venir.

Arnaud Gaillot n’a pas mâché ses mots, évoquant, de la part « des deux plus grandes institutions de notre pays », en référence à l’Elysée et Matignon, un « manque de respect pour tous les gens qui ont participé à ce moment démocratique » et des gens dans les Administrations, « qui ne veulent pas travailler et prendre le temps de réfléchir ».

Le Pacte pour la vision et la visibilité à 10 ou 20 ans, la loi d’orientation pour le traduire en actes :  tel est l’objet du PLOAA que les JA désespèrent. « Cela crée de la frustration et un manque de projection sur l’avenir. On veut bien dire à des jeunes « venez faire ce métier » mais les jeunes vous disent : ok mais pour faire quoi et comment », fustige le président des JA.

"Il n’y a pas de confiance et quand il n’y a pas de confiance, c’est compliqué d’avancer"

« Est-ce qu’il y a une volonté politique ? », s’interroge de son côté le président de la FNSEA, qui dénonce « les pressions normatives », en référence à Ecophyto 2030 et à la Stratégie nationale biodiversité 2030 ou encore les augmentations et taxes et redevances sur l’eau et les phytos prévues dans le projet de loi de finances 2024, « à des niveaux qui ne sont pas supportables ». Le tout génère un « ras-le-bol » qui s’est manifesté ces derniers jours dans toute la France, notamment avec l’opération « on marche sur la tête » consistant à retourner les panneaux indicateurs d’entrée des villes. « Il n’y a pas de confiance et quand il n’y a pas de confiance, c’est compliqué d’avancer », a déclaré Arnaud Rousseau.

Le « raz-le-bol » des agriculteurs s’est manifesté ces derniers jours dans toute la France, notamment avec l’opération « on marche sur la tête » consistant à retourner les panneaux indicateurs d’entrée des villes
Le « raz-le-bol » des agriculteurs s’est manifesté ces derniers jours dans toute la France, notamment avec l’opération « on marche sur la tête » consistant à retourner les panneaux indicateurs d’entrée des villes

Selon Arnaud Gaillot, la future loi d’orientation devrait se focaliser sur l’installation et la transmission, cette dernière constituant une « véritable angle mort » en matière de politique publiques

Dans une interview accordée au quotidien régional Midi libre le 29 novembre, le ministre de l’Agriculture a en partie répondu à l’impatience des JA, en indiquant que la « la loi d’orientation sera présentée autour au 15 décembre, avec un texte qui pourrait démarrer au premier trimestre 2024 ». Marc Fesneau évoque un sujet « découverte des métiers », la création d’un guichet unique à l’installation, baptisé France Service Installation mais « conservant la pluralité́ des accompagnements pour que chacun y trouve son compte économiquement, philosophiquement ».

Le PLOAA aura aussi un volet résilience « pensé plutôt système agricole que filière » et enfin un volet foncier avec notamment la création d’un fonds de portage et un fonds de garantie « entrepreneurs du vivant », doté de 2 milliards d’euros destiné à sécuriser les reprises d’exploitation et les investissements innovants porteurs de transition écologique et climatique. Marc Fesneau évoque le chiffre de 150.000 installations en dix ans. « C’est l’objectif même si je me méfie du déclaratif ».