Retraite : la réforme qui va... avancer l’âge de départ

[Edito] Les exploitants ont peu à craindre du très probable recul de l’âge de départ à la retraite, eux qui sont largement hyperactifs après 67 ans, officiellement sinon officieusement. Mais avec une autre réforme, celle de la Pac, il faudra choisir entre la pension de la MSA ou les aides de l’UE.

« Nous n’avons jamais eu un tel mur démographique devant nous, ces 100 000 chefs d’exploitation d’ici à 2030 qui vont passer le relais, c’est un vrai défi ». Le 9 septembre dernier, face aux JA réunis à Terres de Jim, Emmanuel Macron a posé les jalons du « Pacte d’orientation et d’avenir de l’agriculture », destiné à surmonter les défis économiques, avec pourquoi pas une loi Egalim 3, et climatiques, avec notamment, un stress-test pour les futurs installés. S’agissant du renouvellement des générations, le chef de l’Etat a ratissé large, depuis l’orientation dans les collèges jusqu’à l’anticipation de la transmission, en passant par des nouveaux instruments de portage foncier, censés alléger le poids de l’installation.

"On ne va pas se mentir, même si on arrive à faire tout ce boulot, ça restera des métiers passion"

Il a aussi été question de la rénovation du parcours à l’installation, dont le CGAAER a estimé qu’il se devait d’être beaucoup plus inclusif, tant au niveau du profil des candidats que des acteurs mobilisés. « On ne va pas se mentir, même si on arrive à faire tout ce boulot, ça restera des métiers passion parce qu’il y a un tel niveau de contraintes dans vos métiers (...) Ça ne correspond pas à tous les standards d’organisation de la vie », a concédé le président de la République, bien au fait de la sociologie agricole, et que ne démentira pas ce futur JA de l’Aude, un acharné qui se décrit lui-même comme un « cabourd ».

20 000 exploitants actifs après 67 ans

« Vous êtes des engagés et vous travaillez beaucoup », a encore dit le président de la République. Et longtemps, aurait-il pu ajouter. Selon un document de travail du ministère du Travail, datant de 2021 et relatif à l’année 2017, 10% des bénéficiaires des aides Pac dépassaient l’âge de 67 ans, un taux pointant à 15% en productions ovines et caprines et bovins à viande et 18% en grandes cultures. Et combien d’agriculteurs officiellement retraités, comme ce « petit bénévole du matin au soir » de la Meuse âgé de 68 ans ? A compter de 2024 au plus tard, ces irréductibles « post-retraités » devront choisir entre les aides Pac ou la pension de retraite, qui ne seront plus cumulables, en vertu du Plan stratégique national.

Selon le ministère de l’Agriculture, environ 20 000 exploitants sont potentiellement concernés. Pas sûr que ça les pousse vers la sortie, vu les niveaux de pension et malgré les revalorisations accordées aux plus modestes ces derniers mois. De quoi ménager (un peu) les comptes de la MSA tout en évitant une vague de départs, qui submergerait les repreneurs.