Un accord pour arracher plus de 8000 hectares de vignes dans le Bordelais

L’Etat, la Région et le CIVB vont mobiliser jusqu’à 67 millions d’euros pour arracher environ 8400 ha dans les trois ans à venir, pour des motifs sanitaires et économiques.

Des vignes abandonnées pour cause de mévente du vin, servant de refuge aux cicadelles vectrices de la flavescence dorée, maladie incurable susceptible de mettre en péril tout un vignoble couvrant 110.000 hectares et générant 4 milliards d’euros de chiffre d’affaires et 48.000 emplois : telle est la spirale mortifère à laquelle l’Etat, la Région Nouvelle-Aquitaine et le Conseil Interprofessionnel des Vins de Bordeaux (CIVB) entendent enrayer. Au terme d’accord officialisé le 2 mars, ces trois parties prenantes vont respectivement débloquer 30, 10 et 19 millions d’euros pour résoudre la crise, l’Etat étant disposé à porter sa participation jusqu’à 38 millions d’euros, soit un total de 67 millions d’euros.

Le tiers du vignoble en souffrance

Selon une enquête réalisée par la Chambre d’agriculture de Gironde publiée en janvier dernier, 1370 viticulteurs se sont déclarés en difficulté, ce qui représente près de 35.000 hectares, soit environ le tiers du vignoble. Environ 900 viticulteurs ont exprimé le souhait de poursuivre leur activité, en réduisant les surfaces ou en diversifiant leurs productions dans d’autres filières agricoles telle que l’arboriculture, l’élevage, les céréales ou encore le maraîchage. Environ 300 autres ont manifesté leur souhait d’arrêter totalement leur activité, avec un profil d’exploitant plutôt proche de la retraite et sans repreneur identifié.

Orientée à 85% en rouge et valorisée à 40% en vrac, une partie du vignoble subit les affres de la surproduction, dans un contexte de baisse de consommation de vin rouge, que l’institut d’études Kantar évalue à -30% sur les dix ans passés, toutes origines confondues. A Bordeaux, les stocks s’accumulent et les coûts de production passent largement sous les prix de de vente, avec pour conséquences des trésoreries exsangues, des vignes abandonnées et des futurs retraités qui voient s’envoler leur fermage et leur complément de retraite.

Renaturer, reboiser, diversifier

Outre la reforestation d’environ 2000 hectares de vignes abandonnées mise en œuvre avec le groupe coopératif Alliance forêt bois (AFB), cet arrachage sanitaire permettra « de renaturer des vignobles sans repreneur », à hauteur de 6400 hectares, et de « diversifier les cultures au profit notamment de l’arboriculture » selon les termes d’un communiqué du ministère de l’Agriculture.

A ces mesures structurelles concernant spécifiquement le vignoble bordelais s’ajoutent des mesures conjoncturelles de portée nationale annoncées par le ministère le 6 février dernier. Elles portent sur une première campagne de distillation pour un montant de 40 millions d’euros de crédits nationaux complétés de 40 millions de l’enveloppe de financements européens du Fonds européen agricole de garantie (FEAGA). Une seconde, du même calibre, pourrait être enclenchée à partir du mois d’octobre. Les viticulteurs peuvent par ailleurs bénéficier de la prolongation du dispositif de rééchelonnement des Prêts garantis par l’État (PGE) jusqu’au 31 décembre 2023.