L’alimentation « made in France » à l’épreuve du reconfinement

[Edito] Le reconfinement instauré en raison de la deuxième vague du Covid-19 s’accompagne d’une relance des appels à consommer français de la part de la profession agricole et agroalimentaire. Mais malgré les bonnes intentions affichées par les consommateurs, le défi reste entier en cette période où le pouvoir d’achat a globalement baissé.

Et c’est reparti pour un tour. Cette nouvelle vague, celle que l’on voyait venir au loin mais que l’on a tenté d’ignorer dans la torpeur de l’été, se fracasse sur toute la France et sur toute l’Europe.

La faute – en partie – aux affres de la météo. Après la douceur estivale qui a perduré jusqu’à la mi-septembre, offrant du répit aux activités en plein air, les pluies et le froid ont fait leur apparition à la fin du mois. Les trois premières semaines de l’automne 2020 sont d’ailleurs les plus fraîches depuis 1974 ! Résultat : davantage de réunions en intérieur et moins d’aération, et un nouveau pic de l’épidémie conduisant au reconfinement.

Un deuxième confinement cependant moins strict que le premier, dans un souci d’éviter l’effondrement de l’économie et les faillites trop nombreuses d’entreprises. Mais pour le secteur agricole, la fermeture des restaurants, des salons ou encore des activités de tourisme impactent fortement certaines productions, qui peinent à se remettre du premier confinement. Il en est ainsi des filières viticoles, cidricoles, brassicoles, piscicoles, pommes de terre, viandes, foie gras, fromages, etc.

Heureusement cette fois-ci, les marchés alimentaires, couverts ou de plein vent, pourront se maintenir. Un soulagement pour la profession, qui avait appelé de façon unanime à leur réouverture au mois de mars.

Achats massifs de produits de base

Du premier confinement, plusieurs grandes tendances sont à retenir concernant l’évolution des comportements alimentaires des Français. Les produits de base (farine, pâtes, riz, œufs…) ont connu une véritable frénésie d’achats. Un comportement qui a d’ailleurs déjà été constaté cette semaine dans certains points de vente. Les steaks hachés et les produits surgelés ont aussi été très prisés.

Les produits bio ont également connu une croissance très dynamique. Mais c’est surtout la tendance au « locavorisme », c’est-à-dire à la consommation de produits locaux, qui semble être clairement sortie renforcée de cette crise. La vente directe à la ferme et les drives fermiers ont d'ailleurs connu un grand succès.

D’après une enquête Kantar réalisée lors du premier confinement, 92% des répondants déclaraient privilégier les produits d’origine France et 87% disaient essayer d’acheter des produits locaux aussi souvent que possible.

Dès l’annonce du reconfinement mercredi soir, des appels au « patriotisme alimentaire » ont été lancés par la profession agricole, auprès des consommateurs, mais aussi des collectivités et des distributeurs, afin de favoriser l’origine France. Histoire que ces belles intentions se concrétisent en véritables actes d’achat, dans un contexte difficile de chute du pouvoir d’achat.