Le plan de pollinisation pose problème aux professionnels du colza

Alors que le gouvernement semble vouloir aller vite sur ce sujet, les questions émergent sur l’effet de la sole oléagineuse nationale. Et sur de futures importations plus significatives.

Le plan de protection des pollinisateurs, présenté le 4 décembre aux professionnels de l’agriculture, fait réagir. Outre que le gouvernement donne l’impression de vouloir aller très (trop) vite aux yeux de certains responsables agricoles, les mesures envisagées posent question aux responsables des filières concernées. C’est notamment le cas de celle des huiles et oléagineux (110 000 producteurs en France, 20 000 emplois indirects et induits, et plus de 500 coopératives et négoces agricoles qui collectent et transportent les graines).

Par leurs voix conjuguées, Terres Inovia, l’institut technique représentant la filière des professionnels des huiles et protéines végétales et de ceux du chanvre, et Terres Univia, l'interprofession des huiles et des protéines végétales, ont dit s’inquiéter, le 18 décembre, « de l’effet boomerang du plan de protection des pollinisateurs qui prévoit d’interdire toute protection des cultures durant la floraison et de restreindre le recours à certaines solutions à trois heures après le coucher du soleil ».

Selon les calculs de la filière, ce projet provoquerait une réduction des surfaces équivalentes à 120 000 ha pour le seul colza. D’un point de vue des surfaces plantées, les deux structures estiment que ce recul accentuerait la baisse des surfaces déjà constatée ces dernières années. « Le colza est en effet passé de 1,5 Mha en 2014 à 1,1 Mha en 2020. Soit un repli de près de 30 % ! ».

Et donc, qui dit réduction des surfaces semées dit réduction des espaces que les abeilles pourraient butiner alors même que « le colza assure une miellée en début de saison au printemps et soutient le développement des colonies pour la suite ».

En matière de prévention des maladies, Terres Inovia et Terres Univia plaident en faveur de bonnes pratiques, comme l’allongement de la rotation des cultures, ou encore par des mesures de prophylaxie qui visent à empêcher l'apparition, la réapparition et la propagation de maladies. Et lorsque ces dernières apparaissent, « recourir aux antibiotiques n’est pas systématique mais il serait inconcevable de les supprimer ».

Effet boomerang : hausse des importations de soja et canola

L’institut et l’interprofession rappelle également que les oléagineux (colza, tournesol) et les légumineuses (soja, pois, féverole, lin, luzerne...) représentent un enjeu pour l’alimentation animale. « La production de tourteaux de colza et de tournesol français ainsi que les légumineuses à graines sont en effet les premières sources de protéines concentrées non OGM consommées dans les élevages français. » Un hectare de colza cultivé en France permet la coproduction de 1 500 kilos de tourteaux riches en protéines pour l’alimentation des animaux d’élevages.

Or, « la baisse programmée des surfaces d’oléagineux devra inévitablement être compensée par une augmentation des importations de graines de canola canadien et de tourteau de soja argentin et brésilien, ce qui pourrait représenter l’équivalent de 180 000 tonnes de tourteau de soja ». En l’état, le projet du gouvernement aura donc un impact direct négatif sur la souveraineté alimentaire du pays. Alors même que l’on vient de lancer un Plan protéines végétales au nom de ladite souveraineté !