Réaliser son projet d'énergies renouvelables (ENR)

Partie 1/6

L'agriculture et les énergies renouvelables

Face au défi du changement climatique, la France s’est fixé un objectif de “neutralité carbone” pour 2050 qu’elle a inscrite dans sa « loi Energie Climat » de 2019. Selon le Commissariat général au développement durable, (Datalab Climat, 2019), l’utilisation d’énergie est la première source d’émissions de gaz à effets de serre (GES) en France (70,3%), suivie par l’agriculture (16,7%). Plusieurs scénarios de transitions agricoles et énergétiques ont été proposés pour arriver à des modèles durables, assurer la protection de la biodiversité et limiter notre impact sur le changement climatique.

L’agroécologie, qui a commencé à véritablement émerger dans les années 1980, est une science qui fait le lien entre agriculture (“agro”) et environnement (“écologie”). Aujourd’hui, il s’agit d’un modèle agricole qui encourage les agriculteurs à adopter des pratiques s’inspirant des équilibres naturels des écosystèmes. Dans un écosystème naturel, des flux d’énergie circulent en permanence : l’énergie entre sous forme de lumière, captée par les végétaux qui la transforment en énergie chimique, sous forme de matière organique. Cette énergie chimique circule entre les organismes par les chaînes alimentaires. Elle est recyclée dans le sol par les micro-organismes décomposeurs et aide à la croissance des plantes.

L’agroécologie repose sur le respect de l’environnement tout en fournissant un modèle économique aux exploitations agricoles qui leur permette d’atteindre des performances satisfaisantes, d’assurer la sécurité alimentaire des populations et d’arriver à une meilleure efficacité énergétique. Ce qui n’exclut pas, bien au contraire, la production d’énergies renouvelables. 

Aujourd’hui, l’essor d’énergies renouvelables (ENR) qui s’inspirent des écosystèmes naturels (le photovoltaïque par la capture de lumière solaire à l’image des végétaux, la méthanisation par le recyclage de matière organique à l’image des chaînes alimentaires) démontre que ces nouveaux modes de production énergétiques “verts” peuvent trouver leur place dans des pratiques agroécologiques vertueuses.

Infographie énergies renouvelables (©ADEME)

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Alors que la France s’est engagée dans sa Programmation Pluriannuelle de l'Énergie 2019 à une plus grande sobriété et efficacité énergétique, avec un objectif de réduction de la consommation finale d'énergie en France de - 16,5 % en 2028 par rapport à 2012 (Source : Décret n° 2020-456 du 21 avril 2020 relatif à la programmation pluriannuelle de l'énergie), la production d’électricité et de combustibles renouvelables (les “gaz verts”) sont des priorités de la transition énergétique.

Les filières existantes et les objectifs de chaque projet

La part de l’agriculture dans la production d’énergies renouvelables est estimée à 20% par l’ADEME : le foncier agricole concentre ainsi 13% du parc photovoltaïque, 26% de la production de biogaz et 83% du parc éolien. Ce guide détaillera les filières méthanisation et photovoltaïque, pour lesquelles les projets sont fréquemment initiés par les agriculteurs. Il synthétise ensuite les autres filières ENR en lien avec l’agriculture : l’éolien, le plus souvent développé par des intervenants extérieurs au monde agricole, le bois-énergie et le solaire thermique qui sont valorisés sur l’exploitation. 

La méthanisation est une filière qui valorise la matière organique (“biodéchets”, déjections animales, résidus de cultures, etc.) qui connaît une croissance exponentielle en France, avec près de 800 unités aujourd’hui. La méthanisation apparaît comme un levier indispensable pour la transition énergétique, grâce à son caractère vertueux de réduction des émissions de gaz à effet de serre :

  • Elle permet de capter les émissions de méthane qui se produisent naturellement au cours du stockage des déjections animales ;
  • Elle assure la valorisation énergétique d’un gaz “vert”, le biogaz, sous forme d’électricité, de chaleur ou de “biométhane” (une fois qu’il a été nettoyé), qui est alors injecté en substitution d’une énergie fossile (gaz d’hydrocabures, fioul, etc.) ;
  • Elle permet de substituer des engrais minéraux industriels par du digestat de méthanisation ;
  •  Elle assure le stockage de carbone organique dans le sol par le retour au sol des digestats.

La méthanisation est un atout pour les agriculteurs à qui elle permet :

  • De générer un complément de revenu stable à travers des débouchés diversifiés, notamment la vente d’électricité ou de biométhane ;
  • De couvrir leurs besoins de chaleur en chauffant leurs bâtiments d’élevage ;
  • D’économiser sur l’achat d’engrais minéraux en épandant du digestat.

La filière photovoltaïque s’insère facilement au sein des exploitations agricoles grâce à l’installation de panneaux photovoltaïques sur les toitures planes des bâtiments de l’exploitation (hangars, étables, etc.) qui représentent des surfaces intéressantes permettant d’optimiser la capture de l’énergie lumineuse. Par ailleurs, la filière photovoltaïque permet à l’exploitant de diversifier ses revenus en vendant de l’électricité, ou en louant ses surfaces de toiture à des entreprises de production d’électricité photovoltaïque qui lui versent un loyer. L’exploitant peut également choisir d’auto-consommer l’électricité produite, ce qui diminue ses coûts en énergie qui interviennent dans le chauffage des bâtiments par exemple.

 

>> On continue ? Alors cliquez ici pour découvrir le chapitre 2 : "Définir son projet en fonction de son besoin"

 

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