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Tout savoir sur le gel de printemps dans les vignes
Gel sur vigne : l’assurance climatique en pleine réforme
La principale couverture assurantielle du gel en viticulture repose sur la multirisque climatique. Cette assurance assez peu souscrite jusqu’à 2022 est en pleine refonte. L'État a entamé sa réforme avec la loi entrée en application le 1 er janvier 2023.
Partie 3/3
Début janvier 2023, les règles de l’assurance multirisque climatique, qui couvre notamment le risque gel et grêle en viticulture, ont été profondément remodelées. Nous vous en expliquions les rouages dans cet article paru sur Pleinchamp : Assurance récolte 2023-2025 (1/2) : la réforme en 6 graphiques et 6 groupes d’espèces. La prise en charge jusqu’à 70 % par l’état de la cotisation annuelle était un levier qui devait inciter les agriculteurs à s’assurer. Et ce fut le cas.
En viticulture, Pacifica annonçait ainsi une progression des surfaces assurées de son portefeuille de 60 % entre 2022 et 2023. En revanche, les surfaces viticoles assurées pour l’année 2023 sont de 40% selon Jean-Michel Geeraert, directeur du marché agriculture de l’assurance du crédit agricole. Mathilde Riobé, Responsable de marché risques climatiques chez Pacifica confirme un bilan de la première année très positif. « La nouvelle formule de l’assurance multirisque climatique est incitative pour les exploitants. Le fait que l’État prenne en charge une partie du risque a permis une diminution des cotisations entre 2022 et 2023 ».
Cependant la marche reste importante pour atteindre l’objectif fixé par l’État, dans le cadre de la réforme, de 60% des surfaces assurées en vigne. Sur le bassin de la Loire, Benoit Messié, associé, co-gérant chez Assureurs associés à Angers évoque lui « Une réforme qui a dopé la souscription en 2023, mais de manière hétérogène selon les bassins. »
La baisse des tarifs marque le pas
Si la première année de la réforme de l’assurance climatique montrait une dynamique intéressante, la campagne 2024 semble rencontrer des premières difficultés. « Sur le vignoble de la Loire où le gel est la principale cause climatique de perte de rendement, nous avons eu plusieurs remontés terrain de viticulteurs qui signalent des augmentations importantes du prix de leur assurance climatique. Pour confronter ces allégations, nous avons demandé à l’ État de lancer une mission auprès des assureurs agrées » souligne Joël Forgeau, président délégué d'InterLoire et vigneron à Mouzillon dans le muscadet.
Pour Pacifica, les tarifs des contrats d’Assurance viticoles n’ont que très peu augmenté, soit autour de 2% entre 2023 et 2024, assure Mathilde Riobé.
Chez Assureurs Associés, Benoit Messié évoque lui une dégradation sur les 8 dernières années de la sinistralité en fréquence et en impact sur le territoire, en comparaison aux 15 années précédentes. « Dans ce contexte, les compagnies peuvent réagir en majorant l’ensemble du portefeuille, en majorant les clients les plus sinistrés ou en cumulant les deux » relève-t-il
La concurrence des équipements de protection
L’assureur angevin constate également des non-renouvellement des contrats d’assurance chez certains viticulteurs qui s’équipent de tour anti-gel. Tout en saluant la démarche, il prévient « attention, bien que le gel soit l’aléa le plus courant dans le vignoble ligérien, la tour anti-gel ne protège pas contre la grêle ou la sécheresse le jour où ses événements climatiques se produisent". Pour Mathilde Riobé, l’investissement dans des équipements de protection contre le gel est complémentaire au contrat d’assurance climatique. « Pour nous c’est un risque diminué, c’est une très bonne chose. C’est pourquoi nous proposons
des réductions de cotisations significatives pour les viticulteurs qui s’équipent de systèmes de protection» déclare-t-elle.
L’assurance paramétrique, un outsider sur le marché
Contre le gel, un autre type de contrat d’assurance existe : l’assurance paramétrique. « Elle est fondée sur des paramètres et des indices corrélés à des pertes potentielles de récolte. Une fois le seuil de déclenchement atteint, l’indemnisation est versée sans expertise sur un montant défini à l’avance avec l’assuré », détaille Guillaume Garin, responsable du marché agriculture chez Descartes, une entreprise française présente à l’international et spécialiste des assurances paramétriques. Ce type de contrat est particulièrement adapté au gel, selon lui. Il est possible de déterminer le risque à partir d’un paramètre de température clairement défini. Le seuil d’ouverture de l’indemnisation peut être fixé par exemple entre -1°C et -3°C selon les situations et le seuil de sortie qui déclenche le versement de la totalité de l’indemnisation prévue peut lui être établi dans une fourchette par exemple entre -4°C et -7°C. « L’intérêt est de pouvoir personnaliser le curseur du paramètre en fonction du contexte de production, du terroir, de la proximité d’une rivière ou d’une culture en coteaux… » explique Guillaume Garin. Ce type d’assurance requiert d’identifier une source de données météo, avec un historique de plusieurs années, représentative de la réalité spécifique de son vignoble. Dans la plupart des cas, il s’agit de stations météo déjà installées sur les exploitations.
... mais non subventionnée par l'État.
L'assurance paramétrique ne bénéficie pas actuellement de la subvention de l’État à hauteur de 70 % de la cotisation, soit des sommes non négligeables à la charge du producteur. « Il y a 5 ans, sur les salons la plupart des opérateurs présentaient une offre d’assurance paramétrique qu’ils avaient développé, mais ils s’en voient beaucoup moins aujourd’hui. Les viticulteurs n’ont pas accroché » analyse de son côté Benoit Messié. À l’inverse, l’entreprise Descarte évoque elle un intéressant grandissant pour son produit. « Cet intérêt est lié notamment à l'adoption croissante de stations météorologiques et à se prémunir contre les événements climatiques extrêmes récents, et le fait que le réglage de la couverture paramétrique ne se base pas sur une moyenne récente des rendements de l’exploitation ».