Vers des élevages autonomes en protéines

Partie 2/6

Appréhender les besoins protéiques des ruminants

L'alimentation des ruminants se fait à l'aide de fourrages et de concentrés. Dans le cadre de l'autonomie protéique, il est fondamental de calculer les rations pour son troupeau afin de déterminer la surface nécessaire à la production des aliments. Nous nous concentrerons sur la partie protéique de la ration.

Estimer les besoins et les apports

Besoins

Chez les ruminants, l'essentiel de la digestion a lieu à l'aide de micro-organismes dans le rumen. Les micro-organismes de cette panse dégradent les aliments en nutriments, et synthétisent des protéines (sous forme d'acides aminés) qui pourront ensuite être assimilées par les animaux via leur intestin. De fait, les besoins protéiques des ruminants sont exprimés en PDI (Protéines Digestibles dans l’Intestin). Le calcul des besoins doit cependant être fait au cas par cas grâce aux tables d'alimentation développées par l’INRA.

Par exemple, une Charolaise de 650 kg en début d’allaitement a en moyenne besoin de 800 grammes de PDI par jour, tandis qu’une Holstein de 650 kg en a besoin d’environ 1920.

Apports

Une fois les besoins calculés, il faut déterminer les caractéristiques des aliments, et en l'occurrence leur teneur en protéines afin de les apporter dans une ration cohérente pour les animaux. Si l'unité couramment utilisée pour quantifier cette teneur est la MAT (Matière Azotée Totale), elle n'est pas tout à fait adaptée à l'élevage de ruminants. En effet, l'activité microbienne du rumen qui permet de dégrader ces protéines nécessite de l'énergie et de l'azote pour être suffisamment efficace. Pour cette raison on distingue les protéines des aliments consommés par les ruminants en deux catégories :

- Les PDIN ou Protéines Digestibles dans l’Intestin grêle (PDI) permises par l’azote (N) apporté par l’aliment.

- Les PDIE ou Protéines Digestibles dans l’Intestin grêle (PDI) permises par l’énergie (E) apportée par l’aliment.

Les valeurs de PDIN et PDIE des fourrages et concentrés peuvent être trouvées, sous forme de moyennes, dans les tables de l’INRA.

On trouve ainsi dans ces tables, que le foin possède une valeur de 82 g de PDIE par kg de matières sèche et 69 g de PDIN pour 1 kg de matières sèche. Le tourteau de soja, riche en protéines, possède 220 g de PDIE et 320 g de PDIN pour 1 kg de matière sèche.

Acides aminés limitants chez la vache laitière

Chez la vache laitière, la lysine et la méthionine sont les deux acides aminés considérés le plus fréquemment comme limitant la synthèse des protéines. Les besoins sont de 2,5% des PDIE pour la méthionine et de 7,3% des PDIE pour la lysine. Si les besoins ne sont pas couverts, une baisse de la teneur protéique du lait sera observée. Une baisse de la production laitière est aussi possible.

Formuler une ration

Il existe 4 types de rations :

- La ration complète : Aucun apport individuel de concentré, mélange préalable des fourrages et concentrés.

- La ration semi-complète : Distribution d’un complément concentré aux vaches hautement productrices.

- La complémentation individualisée : Alimentation totalement individualisée. Les concentrés sont administrés animal par animal.

- La ration par lot : Troupeau séparé en lots homogènes, une ration pour chaque lot.

Dans tous les cas, une ration bien équilibrée aura un apport en PDIE égal aux besoins en PDI du ruminant, et un apport en PDIN égal ou éventuellement supérieur à l’apport en PDIE. En effet, si l’apport en PDIN est inférieur à l’apport en PDIE, il y aura un manque d’azote dégradable pour la flore microbienne du rumen. Un léger déficit peut cependant être accepté selon l’espèce et la production de l’animal.

Afin d’éviter les carences, les autres besoins (énergétiques, minéraux, oligo-éléments et vitamines) doivent aussi être contrôlés.

Un exemple de ration équilibrée du point de vue protéique pour une vache laitière multipare de 700 kg en pleine lactation : 17 kg de matière sèche d'ensilage de dactyle, 2,3 kg de matière sèche de triticale en grain et 2,5 kg de matière sèche de tourteau de soja. Cette ration couvre ses besoins en PDIN et en PDIE et assure un bon fonctionnement de la panse.

Attention à la digestibilité des protéagineux ! Certains fourrages ou graines de protéagineux ont la particularité d'être météorisants et assez peu digestibles par les ruminants. C'est un élément à prendre en compte lors du choix des espèces qui entreront dans la ration.

Pour plus d’informations sur ce sujet, cliquez ici.

 

>> Partie 3 : Valoriser les prairies pour accroître l'autonomie protéique

 

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