Quelles sont les prévisions pour janvier 2025 ? La chronique de Nicolas Le Friant

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Marguerittes

Alors que les r&eacute;coltes de truffes sont en cours, et ce jusqu&rsquo;&agrave; fin f&eacute;vrier (voir encadr&eacute;), les trufficulteurs pensent &agrave; l&rsquo;avenir et se diversifient en plantant de nouvelles vari&eacute;t&eacute;s de truffes. L&rsquo;offre &eacute;tant inf&eacute;rieure &agrave; la demande, il y a un potentiel de d&eacute;veloppement, notamment en Centre-Val de Loire qui compte 594&nbsp;ha de truffi&egrave;res.&nbsp;&laquo;&nbsp;C&rsquo;est une diversification int&eacute;ressante pour les agriculteurs, une valeur ajout&eacute;e pour le territoire. &Ccedil;a demande du travail, d&rsquo;&ecirc;tre attentif, mais &ccedil;a rentabilise les parcelles qui ne peuvent &ecirc;tre cultiv&eacute;es, les truffi&egrave;res ne n&eacute;cessitent pas forc&eacute;ment d'irrigation. Quand les ann&eacute;es sont fructueuses, cette production apporte un tr&egrave;s bon compl&eacute;ment de revenu&nbsp;&raquo;,&nbsp;expose Sophie Bediou. L&rsquo;activit&eacute; n&rsquo;offre pas pour autant une r&eacute;mun&eacute;ration suffisante pour en vivre.La productrice de Vornay (Cher) et secr&eacute;taire g&eacute;n&eacute;rale de la F&eacute;d&eacute;ration fran&ccedil;aise des trufficulteurs, incite &agrave; planter.&nbsp;&laquo;&nbsp;Les premi&egrave;res truffi&egrave;res ont &eacute;t&eacute; plant&eacute;es il y a vingt-cinq ou trente ans, elles donnent encore mais plus ou moins. Il est donc bien de renouveler ses plantations pour avoir des truffes tous les ans, quand la m&eacute;t&eacute;o est favorable&nbsp;&raquo;,&nbsp;estime-t-elle.Planter de nouvelles essences d&rsquo;arbres pour diversifier les vari&eacute;t&eacute;s de truffe est tout aussi valorisant. Les processus de mycorhization sont aujourd&rsquo;hui aboutis. Apr&egrave;s la truffe noire du P&eacute;rigord (tuber m&eacute;lanosporum), la truffe noire de Bourgogne (tuber uncinatum), la truffe blanche d&rsquo;Italie (tuber magnatum) a fait son apparition dans le Berry. Cette derni&egrave;re appr&eacute;cie des sols peu caillouteux. Elle requiert des calcaires plus profonds que la truffe noire, laquelle se pla&icirc;t en terrain calcaire superficiel.&nbsp;&laquo;&nbsp;Certains ont commenc&eacute; &agrave; planter des arbres truffiers pour la truffe blanche, mais il faut attendre au moins cinq ou sept ans pour qu&rsquo;ils produisent&nbsp;&raquo;, informe Sophie Bediou.&nbsp;Ces diff&eacute;rentes vari&eacute;t&eacute;s permettent un &eacute;chelonnement de la production&nbsp;: &eacute;t&eacute;, automne et hiver. Cela permet de r&eacute;pondre &agrave; la demande tout au long de l&rsquo;ann&eacute;e et d&rsquo;acc&eacute;der &agrave; des march&eacute;s labellis&eacute;s. Autre argument&nbsp;: le cours de la truffe blanche est cinq &agrave; six fois plus &eacute;lev&eacute; que celui la truffe noire, de quoi compenser le co&ucirc;t des plants truffiers plus on&eacute;reux.&thinsp;&thinsp;&nbsp;&nbsp;Une belle r&eacute;colte de truffesDans le Berry, le cavage de truffes noires du P&eacute;rigord a d&eacute;but&eacute; d&eacute;but d&eacute;cembre et se terminera fin f&eacute;vrier. Les quantit&eacute;s et la qualit&eacute; sont satisfaisantes, dites&nbsp;&laquo;&nbsp;normales&nbsp;&raquo;,&nbsp;comme le juge Xavier Foudrat, trufficulteur &agrave; Baugy.&nbsp;&laquo;&nbsp;La r&eacute;colte est meilleure en quantit&eacute; et en qualit&eacute; par rapport &agrave; l&rsquo;ann&eacute;e derni&egrave;re&nbsp;&raquo;,&nbsp;se r&eacute;jouit le pr&eacute;sident de l&rsquo;association des trufficulteurs de Champagne Berrichonne qui r&eacute;unit une centaine d&rsquo;adh&eacute;rents d&rsquo;Indre et du Cher, dont cinquante producteurs.En effet, la m&eacute;t&eacute;o de 2024 a &eacute;t&eacute; propice &agrave; cette production.&nbsp;&laquo;&nbsp;Le climat a &eacute;t&eacute; humide, ce qui a permis d&rsquo;avoir une production en hausse. Seuls des exc&egrave;s de pluie en certains endroits ont jou&eacute; sur la qualit&eacute;&nbsp;&raquo;,&nbsp;confirme Xavier Foudrat.La vente de ce&nbsp;&laquo;&nbsp;diamant noir&nbsp;&raquo;&nbsp;s&rsquo;effectue chez le trufficulteur, par courtier ou au d&eacute;tail sur les march&eacute;s sp&eacute;cifiques dans notre r&eacute;gion. 37&nbsp;kg de tuber m&eacute;lanosporum &eacute;taient en vente lors du traditionnel march&eacute; d&rsquo;Issoudun qui se tenait le 22&nbsp;d&eacute;cembre et 13&nbsp;kg lors de celui de Baugy le 28&nbsp;d&eacute;cembre.En pr&eacute;ambule de la vente sur le march&eacute; labellis&eacute; &agrave; destination des restaurateurs et des particuliers, les truffes sont contr&ocirc;l&eacute;es. Elles auront &eacute;t&eacute; pr&eacute;alablement tri&eacute;es par le trufficulteur lui-m&ecirc;me car il peut y avoir beaucoup de d&eacute;chets, jusqu&rsquo;&agrave; plus d&rsquo;un tiers de la r&eacute;colte.&nbsp;&laquo;&nbsp;La truffe doit avoir un bel aspect morphologique et &ecirc;tre bien noire&nbsp;&raquo;,&nbsp;pr&eacute;cise Xavier Foudrat. La s&eacute;lection d&eacute;termine 3 niveaux de qualit&eacute;&nbsp;: cat&eacute;gorie 2, cat&eacute;gorie 1 et extra. En fonction de ces cat&eacute;gories, les prix s&rsquo;&eacute;chelonnent cette ann&eacute;e entre 850&nbsp;euros et 1&nbsp;100&nbsp;euros le kg.

Après la truffe noire du Périgord, les producteurs du Centre-Val de Loire se lancent la truffe blanche d’Italie.

Une diversité de truffes à venir

Jeanne Cornuet a rejoint le Gaec familial en 2018 &agrave; Perrusson, une entreprise fond&eacute;e en 1983 par son p&egrave;re Dominique Cornuet et son oncle Jacques Froidevaux. Ces deux &eacute;leveurs d'ovins ont rapidement diversifi&eacute; leur activit&eacute;, d&eacute;butant en 1985 la traite et la transformation de lait en fromage, avec un cheptel de rouge de l'ouest.Aujourd'hui, Jeanne Cornuet est &agrave; la t&ecirc;te d'un troupeau de 300 brebis. Elle transforme chaque ann&eacute;e 25&nbsp;000 litres de lait en fromages lactiques natures et aromatis&eacute;s, baptis&eacute;s &laquo;&nbsp;brossauthym&nbsp;&raquo;.Le troupeau est majoritairement compos&eacute; de rouges de l&rsquo;ouest. Mais depuis deux ans, la jeune femme a achet&eacute; 60 brebis lacaune dans l&rsquo;objectif d&rsquo;augmenter la production laiti&egrave;re. La conduite d&rsquo;&eacute;levage entre les deux races varie, notamment en raison de leurs diff&eacute;rences de rusticit&eacute; et de valorisation des rations alimentaires.&nbsp;&laquo;&nbsp;La lacaune et la rouge de l&rsquo;ouest valorisent diff&eacute;remment la ration&nbsp;&raquo;,&nbsp;expose l&rsquo;&eacute;leveuse, impliquant des ajustements alimentaires. Ainsi, depuis juillet&nbsp;2024, elle&nbsp;fait appel &agrave; Am&eacute;line Fox, conseill&egrave;re en ovin lait &agrave; Touraine Conseil Elevage.La composition de la ration est la m&ecirc;me pour les deux races. Elle est compos&eacute;e de foin de pr&eacute; &agrave; volont&eacute;, de tourteaux de soja et d&rsquo;un m&eacute;lange contenant 60&nbsp;% de baron nourrice et&nbsp;40&nbsp;% d&rsquo;orge. De mani&egrave;re g&eacute;n&eacute;rale, la rouge de l&rsquo;ouest a tendance &agrave; mieux valoriser la ration. Am&eacute;line Fox accompagne l'&eacute;leveuse en proposant des rations adapt&eacute;es et bien distinctes en fonction des races et des stades de lactation des animaux. &Eacute;galement, l&rsquo;&eacute;leveuse fait part de ses impressions sur l&rsquo;&eacute;tat corporel des animaux.&nbsp;&laquo;&nbsp;Les visites d'Am&eacute;line me permettent de suivre l&rsquo;&eacute;tat corporel des animaux et d&rsquo;ajuster les rations&nbsp;&raquo;,&nbsp;explique-t-elle.<blockquote>&nbsp;</blockquote><div class="citation">
 "&quot;La conseill&egrave;re m&#039;apporte un regard ext&eacute;rieur&quot;, Jeanne Cornuet"
</div>
&nbsp;&Agrave; l&rsquo;automne 2024, les lacaunes sont rentr&eacute;es en b&acirc;timent&nbsp;plus t&ocirc;t que les rouges de l'ouest, car elles sont plus sensibles &agrave; l&rsquo;humidit&eacute;. De plus, certains ovins&nbsp;ont souffert&nbsp;du &laquo;&nbsp;mal blanc&nbsp;&raquo;, une maladie de pied qui a provoqu&eacute; un amaigrissement chez certains d'entre eux. &Agrave; l&rsquo;inverse, le troupeau de rouges de l'ouest a bien valoris&eacute; la ration,&nbsp;&laquo;&nbsp;les brebis sont un peu grasses&nbsp;&raquo;,&nbsp;s&rsquo;accordent l&rsquo;&eacute;leveuse et la conseill&egrave;re. Par cons&eacute;quent, lors de sa visite, Am&eacute;line Fox a ajust&eacute; son plan initial en diminuant de 200&nbsp;g&nbsp;le m&eacute;lange pour les rouges de l&rsquo;ouest.Cette ann&eacute;e, Jeanne Cornuet envisage d&rsquo;augmenter progressivement la proportion de lacaunes dans son troupeau, et de r&eacute;duire celle des rouges de l&rsquo;ouest.&nbsp;&laquo;&nbsp;Je voudrais que deux tiers du troupeau soient compos&eacute;s de lacaunes et le tiers restant de rouges de l&rsquo;ouest&nbsp;&raquo;,&nbsp;confie-t-elle. Cela lui permettrait de r&eacute;duire le nombre de brebis &agrave; 250, tout en maintenant une production laiti&egrave;re stable.En parall&egrave;le, elle souhaite accro&icirc;tre la production de lait par brebis.&nbsp;&laquo;&nbsp;J&rsquo;esp&egrave;re atteindre entre 1,5 &agrave; 2 litres de lait par jour et par lacaune&nbsp;&raquo;,&nbsp;rapporte-t-elle, contre environ moins d&rsquo;un litre par brebis actuellement. &Agrave; cette fin, elle a r&eacute;cemment achet&eacute; 40 brebis lacaunes performantes g&eacute;n&eacute;tiquement dans le Tarn. Elle d&eacute;sire aussi que 90&nbsp;% de la ration distribu&eacute;e soit d'origine fermi&egrave;re, pour en am&eacute;liorer la qualit&eacute;&nbsp;et r&eacute;duire les co&ucirc;ts de production. Avec l&rsquo;arriv&eacute;e en d&eacute;but d&rsquo;ann&eacute;e 2025&nbsp;de deux salari&eacute;s,&nbsp;&laquo;&nbsp;il faudra aller chercher de la productivit&eacute;&nbsp;car j&rsquo;aurais des charges salariales suppl&eacute;mentaires&nbsp;&raquo;,&nbsp;lance-t-elle.Jeanne Cornuet t&eacute;moigne de l'importance d'un suivi pr&eacute;cis pour optimiser la gestion de son &eacute;levage,&nbsp;&laquo;&nbsp;il n&rsquo;y a pas de gestion sans mesure,&nbsp;souligne l&rsquo;&eacute;leveuse.&nbsp;Or, il manquait des donn&eacute;es sur mon &eacute;levage&nbsp;&raquo;,&nbsp;consid&egrave;re-t-elle. Le suivi de la conseill&egrave;re lui a permis de mieux conna&icirc;tre ses co&ucirc;ts de production, ses marges et de rep&eacute;rer des leviers d&rsquo;action pour am&eacute;liorer sa rentabilit&eacute;. De surcro&icirc;t,&nbsp;&laquo;&nbsp;la conseill&egrave;re m&rsquo;apporte un regard ext&eacute;rieur et compense mon manque d&rsquo;exp&eacute;rience dans la conduite de troupeau&nbsp;&raquo;,&nbsp;appr&eacute;cie-t-elle.&thinsp;&thinsp;

Changer de race pour augmenter la production laitière, adapter les rations, améliorer la sélection génétique… voici les nouveaux défis que se lance Jeanne Cornuet, éleveuse d'ovins dans le Sud Lochois.

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