Négociations commerciales : la situation des éleveurs bovins se dégrade

Constatant que la situation économique des éleveurs était de plus en plus dégradée, la Fédération nationale bovine (FNB) veut favoriser une action collective de la filière pour redresser la barre.

"La situation économique a empiré en 2019 avec une estimation des revenus encore en baisse par rapport à 2018 et des prix payés aux producteurs qui n'augmentent pas", a indiqué le président de la FNB Bruno Dufayet, lors d'une conférence de presse le 15 janvier, où il a exprimé "l'inquiétude" d'une filière qui voit 1200 producteurs de viande bovine disparaître chaque année.

Aujourd'hui, la FNB assiste "à un phénomène de concurrence entre les organisations de producteurs" de viande, alors que les États généraux de l'alimentation (EGA) ont donné des outils aux professionnels pour s'organiser et peser face aux industriels et à la grande distribution, explique-t-il.

Le prix de la viande bovine, en tenant compte des coûts de production, est de 4,89 euros le kilo, mais "le prix payé aux producteurs a été de 3,45 euros le kilo" en 2019. Résultat, "un éleveur sur cinq est dans une situation difficile et c'est un chiffre qui ne cesse de croître", a-t-il déclaré.

Alors que les négociations commerciales annuelles avec la grande distribution, qui représente plus de 50% des débouchés, doivent s'achever fin février, "la distribution n'a pas changé de comportement" et les demandes de baisses de tarif de la part de la distribution ressortent de 40 à 60 centimes le kilo, assure-t-il. "Notre objectif c'est qu'au salon de l'agriculture, on soit dans une logique de création d'une association d'organisations de producteurs" pour réussir à jouer collectif et ainsi imposer des tarifs permettant de vivre aux éleveurs, face aux acteurs de l'aval de la filière, a indiqué M. Dufayet.

Autre enjeu : la contractualisation. Alors qu'aujourd'hui seules 2% des transactions font l'objet d'une contractualisation formelle, un décret ministériel a rendu obligatoire la contractualisation écrite pour toute transaction commerciale de viande bovine en Label Rouge, en décembre. Or dans le cadre de l'application du plan de filière issu des travaux des EGA, la filière s'est engagée à ce que 40% de l'offre de viande bovine en 2023 soit en label rouge.

La contractualisation écrite doit donc permettre que "les pratiques commerciales du passé privant l'éleveur d'une juste rémunération n'aient plus lieu d'exister", selon la FNB. Le vendeur devra proposer à son acheteur un contrat comportant, notamment, l'indicateur de coût de production interprofessionnel, ainsi qu'un engagement ferme portant sur les volumes prévisionnels, exprimés en têtes d'animaux ou carcasses entières, explique la FNB.