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CAPL (49) : du quinoa « hecho en Francia »
Fidèle à sa politique de diversification et de contractualisation, la Coopérative agricole des Pays de Loire développe depuis 10 ans une filière de production et de valorisation du quinoa, avec une marque à la clé : Quinoa d’Anjou. Une singularité qui doit cependant composer un marché qui plafonne.
« Hecho en Francia ». Traduction : produit en France. Si l'idiome espagnol est convoqué, c'est pour faire référence aux origines du quinoa, à savoir l'Amérique latine, et plus précisément la Bolivie et le Pérou, qui concentrent 90 % de la production mondiale. En Europe, c'est le long des rives de la Loire et non du Guadalquivir que l'espèce a été inféodée, à l'initiative Jason Abbott, ex-fonctionnaire de l'USDA (ministère américain de l'agriculture), économiste devenu sélectionneur de quinoa (et d'asperges) en Anjou, sous l'entité Abbottagra. Car la douceur angevine sied au quinoa. « L'espèce goûte peu les extrêmes, aussi bien en ce qui concerne les températures que la pluviométrie », indique Arthur Nicolas, responsable des filières végétales à la Coopérative agricole des Pays de Loire (CAPL). « Le travail de sélection mené par Jason Abbott a achevé d'acclimater l'espèce à notre contexte ». L'université néerlandaise de Wageningen, qui bénéficie d'une antériorité de vingt ans dans la sélection de variétés, sera également mise à contribution.
Des agriculteurs défricheurs
Les premiers semis hors station expérimentale sont réalisés en 2009 et ce sont les adhérents de la CAPL qui mettront des parcelles à disposition pour jauger l'espèce en plein champ. « Nos adhérents ne sont pas des adeptes la rotation colza, blé orge », souligne Arthur Nicolas. « Historiquement, ils nous ont toujours encouragé à des développer des cultures un peu originales et marginales. C'est ainsi que nous produisons des blés de force, des blés Label rouge, des blés CRC, du sarrasin, du pois chiche ou encore des lentilles, avec un taux de contractualisation qui dépasse les 50 %, sur une collecte comprise entre 250 000 t et 300 000 t ». Cultivé sur 80 ha en 2009, le quinoa atteindra les 1700 ha en 2017 et une production d'environ 2000 t, assurée par un pool de 300 agriculteurs sur un total de 1500 adhérents actifs et récolant entre 15 et 20 q/ha de quinoa blond, et rouge depuis peu. Des chiffres flatteurs mais qui ne doivent rien à la facilité. Le quinoa est une espèce de printemps, que n'épargnent pas les parasites et mauvaises herbes, qui se moissonne comme un porte-graine, après fauche et andainage préalables. Pureté et qualité oblige. « Les graines de quinoa sont commercialisées en l'état sans transformation », précise Nicolas Arthur. « Pour garantir une pureté de 99,99 % et 0 gluten, nous lui avons dédié un silo spécialisé. Notre cahier des charges exclue le recours aux herbicides et restreint l'usage d'insecticides aux seuls produits de contact avant floraison ».
Quinoa d'Anjou
A ces impératifs agronomiques et process technologiques, il faut ajouter les exigences en termes de calibre et de couleur, sans oublier les qualités organoleptiques, le quinoa d'Anjou se distinguant par ses notes de noisette. Tout sauf une sinécure mais à l'arrivée, la coopérative et ses adhérents peuvent s'enorgueillir de servir le consommateur final avec un produit clairement identifié sous une marque propre, Quinoa d'Anjou, laquelle assure une partie des débouchés. L'émergence de la filière angevine, unique en France et encore très singulière en Europe, est arrivée à point nommé, car le quinoa, fort de ses vertus nutritionnelles (voir encadré), bénéficie d'un engouement certain depuis quelques années. Un optimisme qu'Arthur Nicolas tempère cependant. « Notre production équivaut à environ un tiers de la consommation nationale, qui semble se stabiliser entre 6000 et 7000 t/an. Nous pourrions produire davantage et viser les 50 % mais Il va en va du quinoa comme du reste : nous produisons non pas pour produire mais pour satisfaire un marché ». Pas sûr que le quinoa connaisse le destin de la pomme de terre, elle aussi originaire des hauts plateaux de la Cordillère des Andes, il y a quelque 8000 ans. Mais sait-on jamais. De l'Anjou germera peut-être le Parmentier du quinoa.