Elevage français : le désarroi de la profession

Entre attaques des militants anti-viande et manque de transparence pour les consommateurs, les filières d’élevage sont fragilisées. Les syndicats sonnent l’alarme.

Sécheresse, déficits fourragers, accords de libre-échange, chute des prix de la viande... « les éleveurs de viande bovine sont plus de jamais en pleine crise », alerte la Confédération paysanne dans un communiqué de presse publié le 28 août. Pour le syndicat, c'est une photo relayée sur les réseaux sociaux qui a fait déborder le vase : il s'agit d'une étiquette d'un rayon boucherie d'Intermarché, labellisée « viande bovine française » et portant la mention « Origine : Irlande ».

Ces problèmes d'étiquetage, régulièrement dénoncées par les consommateurs avertis, ne sont pas de simples « bourdes » pour la Confédération paysanne, qui dénonce « l'irresponsabilité de certains acteurs majeurs qui, au-delà de refuser davantage de transparence et de coopération, plombent la traçabilité et plongent les consommateurs dans le doute ».

Le syndicat appelle le gouvernement et la DGCCRF (répression des fraudes) à « prendre la mesure de ces faits et engager des contrôles, poursuites et sanctions nécessaires » pour défendre les éleveurs face à ce manque de transparence. 

Sensationnalisme contre pédagogie

Fragilisé, l'élevage français doit aussi faire face aux attaques de plus en plus fréquentes et de plus en plus violentes de la part de militants anti-viande. Le président du syndicat des fabricants d'aliments du bétail (Snia), François Cholat, s'en est d'ailleurs ému lors d'une conférence de presse le 28 août à Paris. « Des collaborateurs sont menacés par téléphone, a-t-il témoigné. Nous avons même eu un appel au suicide, pour lequel une plainte a été déposée ». Le Snia estime que « le discrédit jeté sur l'élevage donne le champ libre aux importations et met en danger notre souveraineté alimentaire et la qualité sanitaire de notre alimentation ».

François Cholat a rappelé la place importante qu'occupe l'élevage sur les territoires français, tant au niveau social (880 000 emplois dans les filières animales) qu'environnemental (maintien des paysages, de la biodiversité, fertilité des sols...). Face aux attaques, le syndicat fait le choix de « monter au créneau ». « Face au sensationnalisme [...] de nos détracteurs, nous voulons opposer un discours rationnel et pédagogique », a fait savoir François Cholat.