Se lancer en agriculture de conservation des sols (ACS)

Partie 6/9

Les couverts végétaux : « l’assurance vie » des sols

Comme leur nom l’indique, les couverts végétaux ont pour vocation d’assurer la couverture du sol, simultanément ou entre deux cultures. Ils sont à la base du second pilier de l’ACS. Ils assurent de multiples fonctions essentielles : protection contre l’érosion, structuration et fertilisation naturelle du sol, équilibre biochimique de la vie du sol, maîtrise des adventices… Ils sont à ce titre la porte d’entrée vers l’agriculture de conservation des sols.

Les tiges et les feuilles constituent une véritable barrière protectrice du sol contre les excès climatiques. Elles favorisent la diversité de la faune dont elles assurent l’alimentation et, une fois détruites ou en fin de cycle, enrichissent le sol en matière organique pour nourrir les cultures suivantes. De plus, la densité de certaines espèces étouffe ou limite le développement de certaines adventices. Quant aux racines, elles fissurent naturellement le sol tout en préservant sa structure, et favorisent la circulation de l’eau et de l’air qui contribuent à sa vie biologique et son équilibre chimique

« Dans un sol vivant, l’eau va être captée par la plante et les racines sans perturber la structure du sol, la porosité est améliorée et améliore la capacité de stockage de l’eau dans le sol », explique Gaëtan Bouchot. En évoquant les phénomènes de ravinement, l’agriculteur ACS de Haute-Marne ajoute : « Pas besoin de méthode scientifique : pour le démontrer, il suffit d’observer les champs en pente en période de fortes précipitations : la terre reste en place ! »

Les choix de couverts sont multiples et leur implantation doit être méthodiquement réfléchie car chaque espèce présente ses avantages et ses inconvénients. « Selon votre sol, la saison et la durée de l’interculture, il y a des espèces plus ou moins adaptées. Le choix du couvert s’établit surtout en fonction de la culture qui le précède et qui le suivra » explique Antonio Pereira, conseiller à la Chambre d’agriculture de Haute-Marne.

Semis de maïs en direct dans couvert de féverole avec incorporation d'engrais (crédits photo : ACS)

Associer les espèces

Trois grandes familles de plantes peuvent être utilisées : les crucifères qui fissurent le sol en profondeur, les graminées qui restructurent le sol sur les 10 premiers centimètres et les légumineuses qui restituent l’azote. Il est généralement conseillé d’associer ces trois espèces pour optimiser le travail et l’équilibre de votre sol, accroitre la biodiversité sur vos parcelles mais également pour assurer un minimum de levées en cas de sécheresse.

Les couverts peuvent être implantés à la volée ou au semoir selon la période et les cultures en place et à venir :

  • Sur-semis par épandage sur une culture d’hiver avant la reprise de la végétation suivi d’un passage à la herse étrille pour recouvrir les graines ;
  • Semis à la volée, une à deux semaines avant les moissons en augmentant la densité pour compenser les pertes de germination au sol ;
  • Au semoir dans les deux à trois jours suivant la récolte pour bénéficier de la fraîcheur du sol encore présente.

Assurer la destruction du couvert

Le choix de la date de destruction pour votre couvert est crucial et doit prendre en compte plusieurs facteurs. Pour Arvalis-Institut du végétal, il s’agit de trouver un « compromis entre laisser le temps au couvert de jouer pleinement son rôle (piégeage de nitrates, fixation d’azote par les légumineuses, protection du sol) et éviter un effet dépressif sur la culture suivante (en préservant la disponibilité en eau et en azote sans gêner son implantation) ». Pour un couvert implanté à l’été, la destruction pourra par exemple être réalisée juste avant l’implantation des cultures d’hiver car l’humidité du sol est généralement suffisante en cette période. Dans le cas de couverts hivernaux précédant une culture de printemps comme le maïs ou tournesol, il est généralement conseillé d’opérer deux mois avant le futur semis - ou en sortie d’hiver au plus tard - pour éviter un assèchement du sol lié au développement des couverts et garder ainsi la fraîcheur du sol pour la levée de la prochaine culture.

La destruction des couverts peut être réalisée mécaniquement par un roulage simple qui peut être éventuellement suivi d’un broyage, qui laissera un léger « mulch » protecteur en surface du sol. La destruction chimique peut également être utilisée en dernier recours, notamment dans le cas où le développement des couverts n’aurait pas suffisamment « étouffé » les graminées.

 

>> Cliquez ici pour accéder au chapitre 7 : "Diversification de l’assolement et allongements des rotations : les clés de voûtes de l’ACS"

 

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