"Il faut aller au bout d’une politique alimentaire commune"

La crise du coronavirus vient ralentir un calendrier autour de la prochaine PAC déjà retardé. La députée européenne Irène Tolleret fait le point sur la situation et sur les leçons à tirer de cette crise.

Alors que l'actuelle programmation PAC se termine à la fin de l'année, le budget pour la prochaine PAC n'est toujours pas voté au niveau européen et la crise du coronavirus ralentit les négociations qui accusaient déjà un retard conséquent. Le 28 avril, les eurodéputés de la commission Agriculture du Parlement européen ont validé une « PAC de transition » afin de garantir une continuité avec la PAC actuelle. Cette période de transition est prévue pour un an, avec la possibilité d'être étendue à deux ans si le budget pluriannuel de l'Union européenne n'est pas approuvé avant le 30 octobre.

Où en sont les négociations autour de ce budget ? « Il n'y a pas une réunion sans que ce sujet du budget ne soit évoqué, témoigne Irène Tolleret, vigneronne dans l'Hérault et députée européenne dans le groupe Renaissance. Les trois grandes questions sont : combien ? d'où vient l'argent ? et comment on l'articule avec les politiques existantes ? »

« Avant la crise, la proposition du Parlement européen pour le futur budget pluriannuel était à 1,3% du PIB de l'UE. Mais ça, c'était avant que le PIB européen ne perde 10% », a expliqué l'eurodéputée lors d'une conférence de presse le 29 avril. « Depuis la crise, des chiffres circulent dans tous les sens », affirme-t-elle.

Dans tous les cas, « le prochain cadre financier pluriannuel devra être plus important pour prendre en compte le plan de relance post-crise », défend l'eurodéputée. Et dans ce budget global, « le budget de la PAC doit être a minima protégé ».

Comment les mesures de soutien aux filières agricoles touchées par la crise vont-elles s'intégrer dans ce budget ? Irène Tolleret voit deux solutions : « La réponse de l'UE pour les agriculteurs face au coronavirus doit être soit dans une PAC plus ambitieuse, soit dans un plan de relance qui comprendrait des ressources spécifiques pour les agriculteurs », estime-t-elle.

L'eurodéputée milite également pour une vraie « politique alimentaire européenne ». « Pour moi, le plus gros enjeu du coronavirus n'a pas encore été traité au niveau de la Commission européenne : il s'agit de donner un statut particulier à la filière agro-alimentaire au sein de l'UE, note Irène Tolleret. Il faut tirer les leçons de cette crise en se disant que la PAC est une chose, mais qu'il faut aller au bout d'une politique alimentaire commune. Le coronavirus est un crash-test sur la résilience de l'agriculture européenne ».

Les propositions de la Commission européenne pour le prochain cadre financier sont attendues courant mai.