La grande distribution alimentaire britannique à l’épreuve de la livre sterling

Après le 23 juin 2016, le vote des électeurs britanniques en faveur du Brexit se traduit par un décrochage de la livre sterling : - 20 % contre euro en trois mois, à fin août. L’inflation « importée » touche immédiatement les carburants, matières premières et denrées. Les prix alimentaires étaient, comme en France, orientés à la baisse depuis 2014 ; mais l’inflation annuelle atteint 3 % en août 2017, surpassant les hausses de salaires. De grands groupes alimentaires tentent des hausses de prix sur certains produits de grande consommation, afin de pallier les hausses de prix de revient.

❙ Les consommateurs ont réagi en deux temps, avec une phase de consommation soutenue au second semestre en 2016, puis une restriction progressive en 2017. Celle-ci atteint les achats courants : alimentation, habillement.

❙❙ La grande distribution est donc sur la brèche, la concurrence est relancée non plus sur la baisse des prix, mais sur l'art de différer les hausses. En GMS, elle est dominée par le groupe Tesco (28 % de part de marché). Ce leader convalescent, en dépit de sa marge d'exploitation déjà basse, limite ses hausses (août 2017) à 1,4 % (environ la moitié de l'indice général). 

❙❙❙ C'est peine perdue. La période voit l'envolée des parts de marché du hard-discount, jusqu'alors tenu en lisière des circuits dominants (Tesco, Sainsbury's, Asda, Morrisons, ensemble 70 % du marché). Les modèles germaniques Aldi et Lidl atteignent respectivement 7 % et 5 % des dépenses alimentaires, une progression de l'ordre de 20 % par rapport l'avant-Brexit. Sur un modèle distributeur-fabricant, leur indice de prix se situe 15 % (Aldi) au-dessous des enseignes conventionnelles. 

V Autre signal : Asda, la filiale britannique de Wal-Mart, vient de mettre à l'épreuve les règles de bonne conduite (Grocery supply code of practice - GCA) anglo-saxonnes. Jusqu'ici, les prix alimentaires étaient formés Outre-Manche essentiellement par l'application d'une marge de distribution standard au prix fournisseur, avec une pratique limitée de « coopérations commerciales » (facturation de service par le distributeur auprès de son fournisseur). Asda depuis fin 2016 a exigé, sans préavis et en violation des accords commerciaux, des « marges arrières » de l'ordre de 25 % du chiffre d'affaires concerné, sommes que le régulateur GCA le condamne aujourd'hui à rembourser. Une nouveauté – en terre saxonne – qui contribue à expliciter les rapports de force distributeur/fournisseur dans la formation des prix publics. Asda pensait pouvoir remonter largement sur l'amont les tensions sur les prix de revient voire, au vu des ordres de grandeur constatés, créer une marge de manœuvre supplémentaire.

Cet article est extrait de la revue Prisme, l'analyse de la conjoncture et de l'actualité agricole et agroalimentaire (octobre 2017).

L'analyse de la conjoncture et de l'actualité agricole et agroalimentaire - Lire tout le dossier :  PRISME n° 19 – octobre 2017.