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Engrais : la crise au Moyen-Orient pourrait déclencher une forte hausse des prix et bouleverser la production agricole
Le marché des engrais est aujourd’hui marqué par une forte incertitude, liée à des tensions géopolitiques au Proche et Moyen-Orient et à des évolutions réglementaires en Europe, notamment la mise en place progressive de taxes sur les importations d'engrais russes et biélorusses. Cette conjoncture pourrait directement affecter la compétitivité et la souveraineté de l’agriculture française. Analyse par Arthur Portier, consultant senior chez Argus Media France.
À l’image du marché des grains, le marché des engrais est fortement perturbé par l’instabilité internationale. Le détroit d’Ormuz, passage stratégique pour 25 % des exportations mondiales de pétrole et plus de 30 % du gaz, est aujourd’hui un point névralgique. L’Iran, producteur majeur d’engrais, pourrait voir ses exportations perturbées, ce qui alimente la volatilité des prix. Cette prime d’incertitude reste élevée, d’autant que la situation au Proche et Moyen-Orient demeure fragile. Dans ce contexte, les prix des engrais restent fermes, alors même que ceux des matières premières agricoles, comme le blé et le maïs, sont en baisse.
Voir aussi : Après la taxation des engrais russes, les fabricants français "prêts à produire plus"
Souveraineté européenne et adaptation réglementaire
Face à des concurrents internationaux particulièrement agressifs, l’Europe doit renforcer sa prise de conscience et sa stratégie. La souveraineté alimentaire ne pourra être atteinte sans souveraineté énergétique, et les récentes mesures réglementaires, comme la taxe progressive sur les engrais russes et le mécanisme d’ajustement carbone aux frontières, visent à protéger la filière. Toutefois, ces adaptations restent un défi pour les agriculteurs français, confrontés à des coûts de production qui dépassent souvent les prix de vente des céréales. La conjonction des secousses géopolitiques et des nouvelles réglementations crée ainsi un environnement particulièrement difficile pour l’agriculture hexagonale.