- Accueil
- Les bonnes résolutions des entreprises
Les bonnes résolutions des entreprises
Les premiers engagements concrets des transformateurs se font jour sur la valorisation du lait transformé en bleu d’Auvergne. Tour d’horizon des opérateurs.
Le 7 décembre, lors d'une réunion associant l'ensemble des acteurs de la filière AOP bleu d'Auvergne convoquée sous l'égide de la préfète du Cantal et sous la pression syndicale des éleveurs, les entreprises s'étaient engagées à communiquer rapidement aux producteurs des éléments de prix et de taux de transformation pour 2018. Une condition sine qua none et préalable à l'envoi aux producteurs de demandes de déclaration d'intention (DI) pour s'engager sur le nouveau décret de l'AOP. Sachant que l'accord sur les AOP fromagères d'Auvergne conclu en 2009 mentionnait explicitement un alignement de valorisation du bleu d'Auvergne sur celle des autres AOP de la région, une fois ce nouveau cahier des charges publié. Une revendication que la FDSEA s'est chargée de rappeler à la mémoire des transformateurs. Un mois après cette "réunion de famille" en préfecture, quid des engagements pris ?
Sodiaal : 100 % pour les producteurs à trois AOP Leader du marché avec près de la moitié des volumes(1), Sodiaal Massif central, dans un courrier adressé aux producteurs de lait AOP cantal, fourme d'Ambert et bleu d'Auvergne, a pour sa part réaffirmé son attachement au principe d'un prix du lait AOP fixé chaque année et s'appliquant sur la part du lait transformée en AOP dans ses usines. Des taux de transformation prévisionnels retenus pour les livraisons de 2018 sont présentés, à savoir : 20 % pour le bleu, 20 % pour la fourme, 50 % pour un producteur engagé à la fois en bleu et fourme, 70 % pour un producteur engagé en cantal et bleu, et 100 % pour les producteurs respectant les trois cahiers des charges. "Dans les secteurs où le bleu d'Auvergne est la seule AOP présente, afin d'encourager votre adhésion au nouveau cahier des charges, nous avons décidé de vous garantir un taux minimum de transformation de 20 % en 2018", écrit Sodiaal, taux qui sera ajusté au taux réel de transformation en 2019. "On fait aussi un effort supplémentaire pour encourager les producteurs concernés à signer les trois DI de façon également à rendre les laits AOP plus polyvalents. Cela concerne la zone sanfloraine", fait valoir Rémi Broncy, administrateur de Sodiaal Union. Si le courrier ne le précise pas, le Cantalien se veut affirmatif : "Sodiaal rémunèrera le lait AOP bleu d'Auvergne au même niveau que le cantal ou la fourme d'Ambert."En 2017, le prix du lait (38-32) transformé en AOP a été payé par le groupe coopératif 368 €/1 000 l, soit 45 € de complément, précise Rémi Broncy.
Lactalis s'alignera en avril
Dans un courrier adressé le 22 décembre aux producteurs et co-signé de l'organisation de producteurs AP3LMC, Lactalis - qui se partage environ 45 % des tonnages avec Thuaire (SFL) et la Sica de Laqueuille - indique qu'elle s'engage à intégrer le lait transformé en AOP bleu d'Auvergne "dans la même logique de valorisation que les autres AOP comme le cantal et la fourme d'Ambert". En précisant toutefois que cette revalorisation s'inscrit dans une réflexion globale en cours pour la construction du prix du lait AOP d'Auvergne, avec une application du nouveau dispositif au 1er avril 2018. Jusqu'à présent, en effet, Lactalis fonctionnait avec une prime AOP et non un prix du lait AOP différencié basé sur les indicateurs commerciaux spécifiques à l'AOP, comme le réclament de longue date les producteurs. "On s'achemine vers ça, confirme Claude Bonnet, président de l'AP3LMC. Il reste encore à déterminer précisément le fonctionnement mais l'entreprise a pris conscience qu'elle avait intérêt à présenter un prix du lait AOP à ses réseaux commerciaux." Pour mémoire, en moyenne sur 2017, la prime AOP versée par l'industriel s'est élevée à 50 €, conduisant à un prix du lait de 365 € (prix 38-32). Quant au taux de transformation appliqué, Claude Bonnet indique qu'il ne dépassait pas 6-7 % en 2016, celui de 2017 n'était lui pas encore connu. Autre avancée qui devrait se concrétiser dans l'année 2018 : le rattrapage des trois mois de retard dans le versement. "Globalement, l'entreprise accède à des demandes qui datent déjà d'un peu, surtout sur la vision d'un prix du lait AOP. Petit à petit, les choses évoluent", se félicite Claude Bonnet.
Thuaire précurseur
"L'entreprise n'est pas forcément hostile à une valorisation identique du bleu sur les autres AOP mais elle veut attendre de voir ce que va faire son environnement", explique David Chauve, président de l'OP de la Société fromagère du Livradois (SFL, Thuaire). Pour l'heure, lors d'une réunion en décembre, OP et transformateur ont acté un prix du lait AOP à 350 €/1 000 l pour les mois de janvier et février 2018 (contre 360 € pour la fourme d'Ambert) avec un nouveau rendez-vous le 7 février. "On espère avoir un écart qui se resserre dans l'année sachant que les taux de transformation - 18 % pour la fourme d'Ambert et 22 % pour le bleu d'Auvergne - vont être maintenus en 2018." Et David Chauve de rappeler que l'entreprise Thuaire a été précurseur il y a trois ans déjà, avec une prime AOP de 10 € sur le bleu. "C'est le seul à avoir lancé la machine de la revalorisation du bleu", relève le producteur puydômois. Enfin, chez Dischamp, on était encore dans l'expectative des annonces des grosses locomotives. "On s'est réuni juste après la réunion du 7 décembre, Dischamp a avancé un prix de 350 €/1 000 l pour le lait transformé en AOP bleu en 2018, soit 10 € de moins que la fourme, pour un taux de transformation de 10 % (contre 7 % en 2017), mais rien n'a été acté, précise Vincent Chirent, vice-président de l'OP de la Nouvelle laiterie de la montagne. Notre demande, côté producteurs, était un alignement sur les autres AOP, on nous a répondu que ce ne serait pas pour cette année." Une nouvelle réunion était prévue hier entre l'OP et Dischamp.
(1) Les volumes produits en 2017 devraient avoisiner les 5 000 tonnes.