Négociations : le ministre de l'Agriculture met en garde la distribution

Le ministre de l'Agriculture, Didier Guillaume, a prévenu mardi qu'il ne laisserait pas les négociations commerciales entre industrie agro-alimentaire et distribution se faire cette année en continuant à casser les prix aux dépens des agriculteurs.

"J'ai rencontré tout le monde (...) et je leur ai dit: si les négociations commerciales cette année se passent comme l'année dernière, c'est la fin pour beaucoup d'exploitations agricoles et pour certaines filières", a déclaré le ministre lors d'une conférence de presse de présentation du Salon de l'Agriculture.  "J'ai dit que je ne laisserais pas faire et je dépasse mon rôle de ministre, mais je le fais, comme ministre, pour forcer les choses", a-t-il clamé.   "Je suis prêt à affronter le débat. Je l'ai dit à deux grands patrons assez connus qui ont tendance à faire de la publicité dans la presse sur le prix du Nutella ou du Coca-Cola. Très bien! Mais moi je vais faire de la publicité aussi, des campagnes de presse pour dire à combien part un kilo de boeuf, un kilo de porc, ou litre de lait", a-t-il déclaré.   "Je n'ai aucun problème pour dire que quand il y a des promos où le bio est moins cher que le conventionnel, ça ne peut pas durer".   

Le ministre a indiqué qu'il reverrait tous les acteurs de l'agro-alimentaire et de la distribution dans les 10 jours qui viennent "parce que au 31 janvier j'appelle officiellement le médiateur des négociations commerciales à faire son office", si les négociations n'ont pas avancé. M. Guillaume appelle ces acteurs à "mettre en application ce qu'ils ont décidé" lors des Etats généraux de l'alimentation : "mieux répartir la richesse et la valeur".   "Après toutes ces années où à minuit moins le quart le dernier jour sur les parkings de supermarchés il y a une pression terrible pour faire les dernières signatures, j'ai dit que je ne l'accepterai pas cette année et je le dénoncerai publiquement", a assuré le ministre qui dit avoir demandé à la DGCCRF (répression des fraudes) de "faire votre office", c'est à dire des contrôles.    

M. Guillaume s'est cependant déclaré "optimiste": "C'est la première fois qu'autant de contrats ont déjà été signés au 15 janvier. Et pour avoir vu les acteurs avant et après, ils sont plutôt pas mécontents. Aujourd'hui il y a un changement de paradigme et ils l'ont compris".