Conjoncture : 2025 sera tendue en termes de disponibilité pour les industriels

L’érosion persistante du cheptel va inévitablement impacter les disponibilités auprès des industriels, des exportateurs de broutards ou des intégrateurs de veaux.

2024 a confirmé l’érosion permanente du cheptel français et européen. Selon les données de l’Idèle, la France a perdu 144000 vaches en un an (au 1er novembre). L’impact de la MHE et des FCO a renforcé cette baisse notamment sur l’automne, avec - 2% de vaches allaitantes et -2,2 % en laitières. Ces baisses n’incluent pas la chute de fertilité à la suite de contamination. Mais c’est dans la chute du nombre de naissances que l’on retrouve ces conséquences. Les naissances de veaux laitiers ont reculé de 7 %, par rapport à l’an dernier, la chute est encore plus sévère en allaitant avec une baisse de 12 %.

Cette tendance baissière est également observée chez nos voisins européens.

La conséquence directe de cette décheptellisation va se retrouver inévitablement sur les disponibilités de marchandise auprès des industriels, des exportateurs de broutards ou des intégrateurs de veaux.

Le point d’inflexion observé en 2024 entre l’offre et la demande a complètement renversé les règles du marché, avec des prix nettement plus rémunérateurs pour les éleveurs. Le marché a changé d’échelle, avec des industriels qui vont devoir composer avec moins de vaches.

Les importations vont se renforcer, mais ce ne sera pas forcément en raison du prix, car nos voisins européens sont dans le même cas de figure avec des tarifs équivalents ou plus élevés qu’en France. Les vaches O sont à 4,60€ en France, 4,61€ en Allemagne, 4,75€ en Irlande. De son côté, la Pologne a renforcé ses exportations vers la Turquie et est moins présente sur un marché européen dynamique pour les viandes destinées à la transformation.   

Les échanges intra et extra-communautaires vont également se renforcer dans les jeunes bovins, car les disponibilités sont contraintes (moins de broutards et de veaux). L’Italie ne peut se passer des JB français, mais la concurrence est rude avec une forte demande sur les pays tiers (Maghreb et Turquie). La France, qui cherche toujours à renforcer sa production de jeune bovin, se retrouve devant un nouveau dilemme. Les industriels vont utiliser ces volumes pour compenser le manque de vaches, mais une part plus importante de ces animaux seront destinés à l’export, avec des niveaux de prix qui ne sont plus compatibles avec le marché intérieur.      

Il va être urgent de trouver ou de renforcer des alternatives de mise en production de veaux laitiers ou croisés (ce que font très bien les Espagnols et les Allemands). Le réservoir est chez nous avec des tarifs encore abordables, même s’ils progressent. 

Le grand défi de l’année 2025 sera de trouver des modèles économiques attractifs pour attirer les jeunes générations. Les feux sont pourtant au vert, avec des niveaux de prix plus rémunérateurs, et des conditions plus favorables pour peu qu’elles soient enfin actées par la loi de finances et que les promesses faites lors des manifestations d’agriculteurs soient tenues.

Toutes les instances professionnelles œuvrent dans le même sens pour accompagner ces porteurs de projets. Souhaitons que cette nouvelle année soit sous le signe du renouvellement des générations dans les métiers de l’élevage, d’apaisement dans les relations commerciales avec la distribution, afin que toute la filière résiste aux défis qui vont se dresser.

Cliquer ici pour retrouver tous vos cours sur le bétail vif