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Conjoncture : Mobilisation contre le Mercosur
La Commission européenne va-t-elle sacrifier l’élevage, pour valider son accord de libre-échange ?
Conjoncture – Alors que le monde agricole se retrouve sur les deux grands salons professionnels que sont le Space et le Sommet de l’élevage, les éleveurs regardent avec inquiétude les échéances à venir. Le premier sur la liste est sanitaire, avec la multiplication des épidémies qui décime ou engendre des pertes de fécondité sur les troupeaux atteints (non vaccinés) notamment en ovin, et impacte sérieusement le potentiel de production pour les laitières comme pour les allaitantes. Les répercussions commerciales sont importantes, avec des chutes de productions laitières, et par conséquent de réforme pour l’industrie de la viande. Le secteur de la vitellerie est également fortement impacté avec une baisse importante du nombre de veaux.
Dans les élevages vaccinés, tout se passe normalement avec des éleveurs qui peuvent profiter pleinement de la forte revalorisation de leurs produits. Les éleveurs qui n’éprouvent pas la nécessité de vacciner prennent un risque important et participent surtout aux retards d’une mise en place d’une auto-immunité du troupeau. Quand ils ne sont pas touchés ou que cela n’impacte pas leur commerce. Quand une vaccination n’est pas obligatoire, cela laisse des trous dans la raquette, que la maladie utilise largement pour perdurer. Ce n’est pas le cas de la DNC qui est en phase d’être maîtrisée.
Le second point d’inquiétude est celui que vont reprendre les éleveurs lors de leur prochaine manifestation, face à la décision qu’a prise l’Union européenne le 3 septembre, vis-à-vis de la ratification des accords avec le Mercosur, face à une agriculture qui fait figure de variable d’ajustement vis-à-vis des autres enjeux commerciaux. Le feu vert accordé est comme un chiffon rouge agité devant des agriculteurs qui seront les premiers à en faire les frais. La Commission européenne qui, d’un côté, impose aux agriculteurs européens des normes parmi les plus strictes au monde, et de l’autre, veut ouvrir nos marchés à des produits importés qui n’y répondent pas. Les mesures de sauvegardes, proposées par la commission, sont illusoires et inapplicables dans certains cas. Une déclaration qui fait bondir Marine Colli (spécialiste des politiques agricoles et consultante indépendante) : « la Commission ne peut pas suivre les importations d’un produit aussi sensible que l’aloyau, puisque, malgré les demandes réitérées depuis plus de 10 ans, notamment d’Interbev, il n’y a pas de ligne tarifaire dans le code douanier pour ce produit ».
L’utilisation du « split », c’est-à-dire la division de l’accord entre une partie commerciale et son volet politique, a été un coup dur, puisqu’un État membre ne peut plus utiliser son veto. Le temps presse alors que la ratification devrait intervenir avant la fin de l’année. « Si le Parlement européen vote oui, l’accord sera appliqué et ne pourra plus être remis en cause, même si le vote dans les Parlements nationaux est négatif, ce sera inutile puisque la partie commerciale dépend exclusivement de l’Union », prévient l’experte.
Les éleveurs et les agriculteurs de toutes les filières touchées en Europe n’ont d’autre solution que de mettre une énorme pression dans la rue, pour mobiliser les populations, avec un virage qui risque d’être mortifère pour nombre d’entre eux.
La commercialisation des pièces nobles (aloyaux) est indispensable pour respecter un équilibre/matière déjà très difficile à gérer pour les industriels, face à une majorité de la population qui consomme la viande sous forme hachée ou préparée essentiellement produite à base de laitière, des parties avant de race à viande d’entrée de gamme ou de jeunes bovins. Selon Interbev en cas d’accord, les importations d’Aloyau du Mercosur pourraient représenter 50 % de la production européenne.