Elevage et société : « Mieux vaut devancer les critiques plutôt que les subir »

Anticiper et communiquer vers les politiques et la population, c’est la stratégie gagnante qui a permis à cinq exploitants de construire un méthaniseur collectif à Briey, sans faire de vague.

« Avant même de créer notre groupement et de nous lancer véritablement dans ce projet de méthaniseur collectif à injection directe de gaz, nous avons d’abord voulu rencontrer le maire et les deux maires-adjoints de notre communauté de communes pour tâter le terrain, raconte Dominique Hirtzberger, exploitant à Mance en Meurthe-et-Moselle. Globalement, ils se sont montrés assez réceptifs même si deux d’entre eux restaient prudents. Si nous nous étions trouvés face à un mur, pas sûr que l’on aurait persévéré dans le projet… »

Les exploitants ont ensuite communiqué par voie de presse et rencontré plusieurs responsables politiques et acteurs du territoire pour présenter le projet. « À chaque rencontre, on soulignait l’intérêt pour la collectivité : moins d’engrais chimiques, moins de pesticides (ndlr : deux fermes sont passées en bio), moins d’odeur grâce au digestat, création d’un emploi… en insistant sur notre volonté de préservation de l’environnement. »

Les exploitants ont aussi emmené une dizaine de membres du conseil municipal visiter une installation similaire dans les Vosges. « Cette visite les a vraiment rassurés, et par la suite le Conseil a soutenu notre projet à l’unanimité. »

Associer les élus locaux et les politiques à la démarche

Mais l’important était aussi de faire adhérer la population. C’est pourquoi, ils ont organisé une réunion publique, même s’ils n’y étaient pas contraints. Les élus de Briey, la conseillère régionale, le président du syndicat de ramassage scolaire qui soutenaient le projet, étaient conviés, en plus des techniciens de la chambre et de GRDF qui apportaient leur expérience et expertise technique. 80 personnes sont venues. « Nous voulions les informer et répondre à leurs interrogations. Certains s’inquiétaient des nuisances liées aux odeurs et au trafic routier. Nous étions préparés à ça et on a pu apporter des réponses claires, argumentées et chiffrées pour les rassurer et relativiser leurs craintes. » Par exemple, sur l’augmentation de circulation, certes une benne de 20 tonnes fera trois aller-retours par jour pour approvisionner le site, mais qu’est-ce que cela représente sur une route qui comptabilise 3 000 véhicules par jour ? 

« Le fait d’avoir été administrateur à la coop et d’avoir suivi une formation à la prise de parole m’a sans doute aidé dans l’exercice de communication », conclut Dominique, en rappelant que « quand on monte un tel projet, la diplomatie, assortie d’un zest d’humour, est un plus indéniable ». Les éleveurs ont également créé un page FaceBook et vont organiser deux journées portes ouvertes.