Filière bovine : le gouvernement débloque 60 millions d'euros d'aides d'urgence

Le Premier ministre a annoncé le déblocage de 60 millions d'euros d'aides d'urgence aux éleveurs les plus en difficulté, qui ont gagné moins de 11 000 euros en 2020, tout en incitant la filière à continuer à se restructurer.

"Pour tous les éleveurs qui ont gagné moins de 11 000 euros en 2020 et qui ont subi des pertes importantes, ce qui représente 18 000 exploitations, (...) nous allons mettre en place un dispositif exceptionnel de soutien financier qui permettra de couvrir jusqu'à 80% des pertes d'exploitation", a affirmé le Premier ministre samedi 6 mars en conclusion d'une table-ronde dans la Creuse avec les représentants de la filière bovin viande.

"Cela signifie une enveloppe de 60 millions (d'euros) qui va s'ajouter à l'enveloppe prévue dans le plan de relance (...) de 50 millions pour la restructuration de la filière, actions que je veux lier", a-t-il ajouté. Dans le plan de relance présenté début septembre, le gouvernement prévoit un total de 1,2 milliard pour le secteur de l'agriculture et de l'alimentation.

"C'est un tout. Il y a une situation d'urgence, nous devons (y) répondre. Mais les aides d'urgence ne régleront rien" pour la filière de l'élevage, "il faut que ces filières continuent encore à s'améliorer, notamment dans le secteur de la viande, à mieux se structurer", a insisté Jean Castex. "On ne peut pas vous abandonner", a-t-il souligné. "La crise Covid a fait naître des situations de difficultés, de précarité".

Le ministère de l'Agriculture fait savoir dans un communiqué que ces aides seront versées aux éleveurs "avant l’été". En 2020, le revenu courant des exploitants de la filière bovine allaitante a chuté de 20% par rapport en 2019, rappelle le ministère. La Fédération nationale bovine (FNB) a récemment calculé qu'un éleveur bovin avait gagné en moyenne 8 000 euros en 2020, soit moins de 700 euros par mois. La surmortalité par suicide est aussi "particulièrement marquée chez les éleveurs bovins (lait et viande) âgés de 45 à 54 ans", selon la FNB.

Au-delà de l'élevage, le revenu des fermes françaises a reculé en 2020, a estimé l'Insee fin décembre, conséquence de mauvaises récoltes de céréales et de betteraves, mais aussi de la baisse des rentrées d'argent des élevages porcin et bovin (lait et viande).

Revalorisation des retraites

Le ministre de l'Agriculture Julien Denormandie a indiqué pour sa part la volonté du gouvernement de faire entrer en vigueur dès le 1er septembre cette année, au lieu de 2022, la revalorisation des retraites des agriculteurs de 75 à 85% du Smic, votée par le Parlement en juin. Il a aussi promis des "changements" à la loi Alimentation, rappelant toutefois que "la loi ne peut pas fixer le prix" des produits agricoles mais que le gouvernement avait "démultiplié les sanctions" contre les distributeurs.