Résidus de pesticides : les consommateurs de plus en plus inquiets

Les fruits et légumes frais demeurent des vecteurs de plaisir et de santé. Mais les traitements chimiques interrogent de plus en plus les consommateurs, tandis qu’un sur deux pense que les fruits et légumes frais renferment... des OGM.

Alors que la consommation de fruits et légumes frais tend à s'éroder légèrement mais régulièrement au sein de toutes les classes d'âge de consommateurs, la confiance des consommateurs dans ces produits reste particulièrement forte, selon les données du baromètre réalisé par l'Institut CSA Research (voir encadré) pour le compte d'Interfel et de FranceAgriMer. « Le plaisir à consommer et à cuisiner ainsi que les bienfaits pour la santé restent les deux drivers de la consommation de fruits et légumes frais », analyse Sandra Marie, chef de groupe à l'Institut CSA Research. « 89 % des français sont confiants envers les légumes et 86 % envers les fruits, ce qui place ces produits juste derrière le pain, et devant les produits laitiers ». Les résultats de l'observatoire étaient présentés dans le cadre du MidFel à Perpignan (Pyrénées-Orientales).

Le local fait jeu égal avec l'AB

Ces indices de confiance sont toujours davantage portés par la connaissance de l'origine des produits (33%, +4% / 2017), devant la maîtrise de l'approvisionnement (26%), l'aspect (26%), les modes de culture (17%) et les bénéfices santé (15%). « Le critère de production locale, crédité de 12%, fait quasiment jeu égal le label bio à 14% », relève Sandra Marie. « D'une manière générale, les labels bénéficient d'une excellente notoriété, qui culmine à 99 % pour l'AB et le Label Rouge et à 91% pour les AOP, AOC et IGP. Les consommateurs ont davantage confiance lorsqu'ils voient les différents logos correspondants sur les produits ».

Inquiétudes sur les pesticides

D'un très haut niveau, la confiance dans les fruits et légumes est globalement stable depuis trois ans. Ce qui n'empêche pas l'émergence d'altérations, notamment auprès des 50 ans et plus. Cette catégorie de la population est sur-consommatrice de fruits et légumes frais, comparativement au moins de 35 ans. Elle est aussi davantage à l'affût de l'actualité, plutôt nourrie l'an passé avec les épisodes du chlordécone (banane), du métam-sodium (mâche) ou de l'incontournable glyphosate. « On mesure une inquiétude grandissante vis à vis des pesticides », indique Sandra Marie. « En 2018, 49% des Français ont déclaré en être très inquiets contre 36% en 2015. Les moins de 35 ans, jusque-là moins inquiets que les moins de 50 ans, sont désormais au même niveau ». Globalement 87% des consommateurs se disent plutôt inquiets et très inquiets sur la question des résidus. Les trois quarts (73%) de ces consommateurs inquiets pointent leurs impacts néfastes sur la santé.

Méconnaissances et amalgames

Si les résidus de pesticides interrogent 87% des consommateurs, le second motif d'inquiétude est nourri par les OGM (87%), devant l'impact du climat sur l'offre disponible et les intoxications alimentaires. Plus grave : 48% des Français pensent qu'il y a des OGM dans les fruits et légumes frais, tandis que 26% sont incapables de se positionner sur cette question. « Les OGM ne sont pas cités spontanément par les consommateurs comme motif d'inquiétude » relativise Sandra Marie. « Mais lorsque l'item est cité dans une question, les Français font l'amalgame entre OGM et fruits et légumes frais. Dans ce même registre de méconnaissance, 49% des personnes interrogées pensent que l'on peut produire autant sans recourir aux pesticides. La filière doit communiquer pour battre en brèche ces idées reçues ».

Justement, le baromètre 2018 relate une baisse du sentiment d'être plutôt bien informé sur la production, la qualité, la traçabilité ou encore les apports nutritionnels de légumes frais. Parmi les acteurs de confiance susceptibles de bien les informer, les consommateurs plébiscitent les associations de consommateurs (82%), la famille et les amis (75%), les professionnels de santé (75%), les commerçants de proximité 71%), les scientifiques (65%), les agriculteurs (59%) ou encore les ONG (55%).