Avis d'expert : le marché à terme est-il la solution face à la volatilité ?

Avec les évolutions des cours des grains cet été, plus que volatiles, nombreux ont été les agriculteurs à prendre des positions sur le marché à terme. Décryptage de Laurent Cavanna, responsable du développement commercial chez CACEIS.

Depuis plusieurs semaines, on parle du retour de la volatilité. Quel impact pour le marché à terme ?

Laurent Cavanna :Un impact très significatif à la fois sur les volumes de transactions et la taille des positions ouvertes sur les marchés à terme.

La forte volatilité récente est liée à toute une série d'événements tels que des rendements en baisse dans les pays producteurs, des niveaux d'achats soutenus des pays importateurs, des menaces de contraintes à l'exportation chez nos concurrents de la Mer Noire et des tensions politico-économiques en les Etats-Unis et la Chine.

Face à ces menaces et incertitudes, les cours se sont emballés pour atteindre des niveaux jamais vus depuis plus de 4 années à 218€/ T  le 7 août sur l'échéance septembre 2018.

L'ensemble de la filière a sécurisé ses marges en ayant massivement recours au marché à terme : les producteurs ont pu fixer des prix à des niveaux élevés sur la campagne en cours et même la suivante, et les industriels ont fixé partiellement leur prix de revient.

Ces réactions en chaîne, relayées par les interventions d'autres opérateurs financiers ont  fortement contribué à animer le marché à terme. Le nombre de transactions a ainsi doublé  par rapport à l'année précédente. Les volumes ont ainsi atteint : 725 000 lots échangés pour les mois de juillet et août 2018.

Le marché à terme est-il la solution face à la volatilité ? 

L. C. :Le marché à terme n'est pas « LA » mais une solution de gestion du risque de prix, incontournable dans les filières des grains. Il donne une information sur les prix des 18 mois à venir et permet à chacun d'anticiper. Aujourd'hui, tous les prix de vente de marchandises sont en France directement indexés sur le MATIF.

Le marché à terme offre une formidable boite à outils à tous les opérateurs de la filière qui ont besoin de sécuriser leur marge individuellement.

Pour les agriculteurs, son utilisation s'inscrit dans une démarche de prise en main de sa couverture de prix sans s'opposer à d'autres offres utiles pour sécuriser les revenus telles que les assurances récolte et chiffre d'affaires et certaines propositions commerciales des organismes stockeurs.

En fonction du profil de l'opérateur, quels types de positions sont prises ?

L. C. :Pour chaque opérateur, l'utilisation des marchés à terme s'inscrit dans une stratégie de sécurisation des marges dans un environnement fluctuant lié à la volatilité du cours des matières premières.

Pour les producteurs et les éleveurs, les futures servent à fixer des prix afin de couvrir des marges, des prix « objectifs » ou des prix de revient.

Les options sont très utilisées dans les environnements avec de fortes variations de cours et une incertitude importante: elles servent à moduler ou compléter la position sur les futures.

Par exemple, le producteur qui estime que le niveau de prix est intéressant pour couvrir son prix de revient, vendra des futures sur le blé tout en achetant un « Call ». Le Call permet de gérer le manque à gagner en cas de hausse éventuelle des cours mais surtout d'accompagner la couverture nécessaire de la marge par la vente des futures.