Blés, orges, colzas : la moisson 2020 en France fait grise mine

Affectée par les précipitations abondantes à l’automne et par la sécheresse printanière, la campagne 2020 marque nettement le pas, après la récolte record de l’an dernier.

Sous le coup d'une diminution des surfaces conjuguée à une chute des rendements, la récolte de blé 2020 est en nette baisse. Selon les estimations du ministère de l'Agriculture au 1er juillet, la production de blé tendre atteindrait 31,3 millions de tonnes (Mt), soit la deuxième récolte la plus faible depuis 2004, après celle de 2016 (28 Mt). Le rendement moyen est estimé à 71,1 q/ha (baisse de 8 q/ha par rapport à 2019) et masque de fortes disparités, « en particulier entre les sols superficiels et les sols profonds », note le ministère.

Selon le rapport de suivi des récoltes de FranceAgriMer au 6 juillet, près de deux-tiers des blés tendres sont récoltés en Occitanie et près de la moitié en Rhône-Alpes et en Aquitaine.

Les estimations publiées par le ministère font apparaître que seule l'Auvergne verrait sa production augmenter, après une année calamiteuse (+11 % sur un an ; -2,5 % par rapport à 2015-2019). Ailleurs, la chute est particulièrement notable en Aquitaine (-50 % sur un an ; -35 % par rapport à 2015-2019), en Poitou-Charentes (-43 % sur un an ; -41 % par rapport à 2015-2019) et en Pays-de-la-Loire (-35 % sur un an ; -28 % par rapport à 2015-2019).

Après une année record en matière d'exportation (21 Mt de blé exporté), les disponibilités françaises pour la prochaine campagne seront donc limitées. La demande pourrait également être en baisse dans certains pays importateurs, à l'instar de l'Algérie, principal client de la France. « Le niveau d'importation de certains pays comme l'Algérie pourrait pâtir de la chute du cours du pétrole engendrée par le Covid-19 », indique-t-on chez FranceAgriMer, qui prévoit un niveau d'exportation vers les pays tiers à 7,75 Mt, contre 13,6 Mt pour la campagne 2019-2020.

Les utilisations de blé sur le marché national sont elles aussi attendues en baisse par rapport à l'an dernier, notamment en alimentation animale, « compte-tenu du probable regain de compétitivité du maïs face au blé dans les rations animales », note FranceAgriMer. Les autres débouchés intérieurs (meunerie, amidonnerie, éthanol) « devraient retrouver des couleurs après la crise sanitaire du Covid-19 », précise encore l'organisme.

Du côté du blé dur, malgré des surfaces en légère progression par rapport à l'an dernier, les rendements sont prévus en dessous de la moyenne quinquennale, et la production nationale est estimée à 1,33 Mt. C'est une baisse de 15 % sur un an et de 25 % par rapport à la moyenne 2015-2019. FranceAgriMer prévoit ainsi un bilan blé dur « extrêmement tendu », les stocks de report étant faibles.

En orges, où la récolte est bien avancée (65 % des orges d'hiver étaient récoltées selon Céré'Obs au 6 juillet), les rendements sont également très décevants, avec une baisse de près de 10 q/ha. La production s'établirait à 12,3 Mt, en baisse par rapport à l'an dernier mais en hausse sur cinq ans grâce à l'augmentation des surfaces.

La production de colza est elle aussi attendue en baisse, mais à des degrés divers selon les régions. Globalement, la production de colza atteindrait 3,37 Mt (en recul de 4 % sur un an et de 35 % par rapport à la moyenne 2015-2019). Si le Centre, principale région productrice, voit ses surfaces augmenter de 6 % et ses rendements limiter leur baisse, la Champagne-Ardenne est nettement plus touchée par un recul des surfaces de 8 % et un rendement en baisse de 1,2 q/ha sur un an.

A deux mois des arrachages, les betteraves quant à elles pâtissent déjà d'une baisse des surfaces et des dégâts causés par le virus de la jaunisse, lié à la forte présence de pucerons cette année.

Les prévisions de production pour le tournesol, le maïs et le soja seront publiées par le ministère au mois d'août. Pour ces trois cultures, les surfaces sont en hausse.