Maïs : le bilan mondial s’assainit mais la situation européenne reste lourde

Le maïs connaît pour le moment la plus lente maturation jamais enregistrée

Hausse des prix mondiaux mais les maïs européens ne suivent pas

Les prix mondiaux ont grimpé, notamment aux États-Unis et au Brésil, et dans une moindre mesure en Ukraine et en Argentine. Cette hausse résulte de la publication par le ministère de l'Agriculture US (USDA) de stocks de fin de campagne 2018-2019 (récolte 2018) et donc de début de campagne 2019-2020 nettement inférieurs aux précédentes estimations. Dans le même temps, les maïs brésiliens se sont renchéris sous l'effet d'exportations très élevées en juillet, août et septembre qui ont raréfié les disponibilités locales.

Aux États Unis, seuls 58 % des cultures ont atteint la maturité début octobre. La situation reste préoccupante par rapport à l'an dernier où, à la même période, 92 % des cultures étaient déjà prêtes à être récoltées (85 % pour la moyenne quinquennale). En comparant avec les chiffres des années précédentes, 2019 bat 2009 : le maïs connaît pour le moment la plus lente maturation jamais enregistrée.

Au niveau mondial, le bilan s'est assaini, notamment aux États-Unis avec une forte révision en baisse des stocks de départ (par l'USDA) et en Argentine (moindres perspectives pour les surfaces ensemencées), mais il reste très confortable.

Récolte de maïs grain en cours dans l'UE

En Bulgarie et en Roumanie, la fin de cycle a été marquée par un temps particulièrement sec qui a bridé les potentiels de rendement. En Hongrie, les résultats sont plutôt bons mais inférieurs aux attentes. Comme prévu, les rendements sont décevants en Europe de l'Ouest (Allemagne et France notamment) et en Pologne avec des transferts du grain vers l'ensilage qui se confirment. La production européenne 2019-2020 se caractérise donc par de bons résultats dans le sud de l'UE et en Hongrie (quoiqu'inférieurs aux attentes et à l'an dernier). En revanche, les récoltes devraient baisser par rapport à celles de 2018 en Pologne, en Slovaquie et en Italie du fait de l'été caniculaire et rester à un niveau relativement bas en Allemagne et en France.

Regain de compétitivité des maïs européens face aux maïs importés

Les prix mondiaux ont monté alors que les prix du sud-est de l'UE ont peu varié. Par conséquent, les maïs européens (bulgares/roumains notamment) ont gagné en compétitivité face aux maïs importés (ukrainiens surtout). La prévision des importations de l'UE en provenance des pays tiers est maintenant attendue en recul de plus de 8 Mt par rapport au niveau sans précédent atteint en 2018-2019. Dans le même temps, les prévisions l'exportations de l'UE vers les pays tiers remontent pour refléter la bonne attractivité des maïs bulgares/roumains sur le marché mondial.

Un bilan européen qui reste lourd

La demande animale dans l'UE est attendue en recul de plus de 5 Mt par rapport à celle de 2018-2019, en raison de l'augmentation des récoltes de céréales à paille dans le nord de l'UE en 2019 et d'une perte de compétitivité du maïs par rapport aux autres céréales. Néanmoins, les exportations européennes ont été revues en hausse (voir plus haut) et les utilisations industrielles aussi. Au total, les stocks européens à la fin septembre 2020 sont prévus en baisse mais pas en Roumanie, ni en France, et dans une moindre mesure en Hongrie.

La récolte française en léger recul à 12,5 M de t

Cette année, le potentiel de rendement du maïs grain a été entamé par la sécheresse et les fortes chaleurs de l'été. En maïs grain non-irrigué, Agreste donne un rendement moyen de 75,2 q/ha, soit une baisse de 4 % sur un an et de 10,9 % par rapport à la moyenne quinquennale 2014-2018. Le potentiel du maïs grain irrigué est, lui aussi, en diminution : 104,9 q/ha, soit - 5,7 % sur un an, et - 4,6 % comparés à 2014-2018. La baisse de production 2019 devrait toutefois être atténuée par la hausse des surfaces : +5,9 % par rapport à 2018 (1,45 Mha en 2019) sous réserve du partage entre maïs grain et maïs ensilage. Cet arbitrage entre le maïs ensilage et le maïs grain dans des situations souvent non irriguées, donc dépendantes des pluies d'été, démontre l'enjeu de la ressource en eau pour cette production. Ainsi, les méthodes d'irrigation économes en utilisation de l'eau, la gestion des assolements avec des cultures alternatives comme le soja, le sorgho... peuvent devenir des points clé à l'avenir.

 

 

Article extrait de la Veille Economique Michel LAGAHE du cerfrance