Grippe aviaire, peste porcine, coronavirus : le point sur les épidémies animales

Des oiseaux migrateurs transmettent la grippe aviaire à des volailles dans plusieurs pays européens ; en France, les éleveurs de porcs redoutent la peste porcine africaine ; et le Danemark abat massivement ses visons d'élevage par crainte d'une mutation du coronavirus responsable de la pandémie de Covid-19 transmissible à l'homme... Le point sur l'avancée des trois principales épidémies qui touchent les animaux d'élevage en Europe cet automne, selon les autorités sanitaires animales.

Combien de pays en Europe sont touchés par l'influenza aviaire ?

Depuis le premier cas dans un élevage des Pays-Bas le 17 octobre, des foyers de virus H5 hautement pathogènes, essentiellement H5N8, ont été recensés dans 10 élevages ou animaleries de cinq pays européens : Royaume-Uni, Allemagne, Pays-Bas, France et Danemark par la plateforme européenne ESA d'épidémiosurveillance. Le 17 novembre, la Suède a annoncé son premier foyer dans un élevage de dindes. Et au total 171 cas d'oiseaux sauvages malades ont été identifiés dans les mêmes pays, ainsi que l'Irlande.

En France, un premier foyer a été annoncé le 16 novembre en Corse. Tout le pays a été placé en risque "élevé". Ce qui implique confinement des volailles, interdiction des foires, des lâchers de gibiers et de la chasse aux gibiers d'eau avec des oiseaux "appelant" la faune sauvage. La Belgique a aussi confiné ses volailles.

"On voit la pression se rapprocher, il y a trois mois, des oiseaux atteints du virus pathogène, partis du cercle polaire, ont été trouvés en Russie ou au Kazakhstan, puis se sont rapprochés des côtes de la mer du Nord pour passer l'hiver. Certains descendent plus au sud en Espagne", explique François Landais, vétérinaire à Arzacq, près de la frontière franco-espagnole.

Le virus, qui se transmet par voie respiratoire, ou digestive via les fientes, n'a ni traitement ni vaccination. Des mesures de biosécurité - confinement, contrôle des entrées et sorties des élevages, désinfection des véhicules - sont appliquées. La consommation de viande, foie gras ou oeufs issus des volailles ne présente pas de risque pour l'homme. Mais leur exportation peut être bloquée si des élevages sont touchés.

Où en est l'avancée de la peste porcine africaine ?

La peste porcine africaine, une fièvre hémorragique contagieuse transmise aux porcs par la faune sauvage ou des véhicules infectés, est arrivée en Europe de l'Est vers 2018 après avoir décimé les élevages en Asie.

L'Allemagne, premier producteur de porcs européen, où plus d'une trentaine de carcasses de sangliers infectés ont été retrouvées en septembre, est privée d'exportation vers la Chine.

En France et en Espagne, les élevages se protègent. "La Belgique, n'ayant eu qu'un cas en août 2019 et aucun depuis, pourrait bientôt notifier le recouvrement de son statut indemne", espère Loïc Evain, chef-vétérinaire et directeur-général adjoint de l'alimentation (DGAL) au ministère de l'Agriculture en France.

Que connaît-on du Covid des visons ?

La principale inquiétude des autorités sanitaires porte sur les visons élevés pour leur fourrure. Infectés par le Covid-19 par l'homme, ils infectent en retour d'autres humains. Ce qui pourrait avoir "d'importantes répercussions sur la santé publique", prévient l'Organisation mondiale de la santé animale (OIE).

Le Danemark, premier exportateur mondial, a ordonné l'abattage de tous ses visons, soit entre 15 et 17 millions, d'ici à fin novembre. Une mutation du nouveau coronavirus transmissible a été découverte chez ces mammifères, qui pourrait, selon Copenhague, compromettre l'efficacité d'un futur vaccin humain. Le virus mutant a été décelé chez 12 personnes. Cette décision a entraîné le 18 novembre la démission du ministre danois de l'Agriculture, critiqué pour sa gestion de la crise.

Les Pays-Bas, l'Espagne, la Suède, l'Italie, la Grèce et les Etats-Unis ont aussi rapporté des cas de SRAS-CoV2 chez les visons, selon l'OMS.

Quelles sont les mesures envisagées ? 

L'OIE appelle à surveiller les espèces sensibles, comme le vison et le raton laveur, ainsi que les humains en contact avec eux.

Une coordination mondiale se met par ailleurs sur pied autour du concept "One Health" ("une seule santé"), reliant la protection de la santé de l'homme, de l'animal et des ecosystèmes. Deux agences de l'ONU, la FAO (agriculture et alimentation) et l'OMS (santé) y travaillent, ainsi que l'OIE.

En Europe, si la santé humaine reste la prérogative de chaque Etat, les réglementations sur la santé animale sont harmonisées depuis les années 1960.