L’Algérie ouverte au blé russe dès le prochain appel d’offres ?

Thierry de Boussac, représentant du Synacomex au sein du conseil spécialisé des céréales, a expliqué qu’il n’était pas impossible que le blé russe rentre officiellement sur le marché algérien fin septembre 2020.

C’est une mini-bombe qui a été lâchée lors de la conférence de presse suivant le conseil spécialisé des céréales de FranceAgriMer le 16 septembre 2020, même si les opérateurs du marché la pressentent depuis un moment. Thierry de Boussac, représentant du Synacomex (Syndicat national du commerce extérieur des céréales) au sein dudit conseil spécialisé, et également trader chez Lecureur, a indiqué que « le cahier des charges algérien pourrait se montrer moins exigeant en termes de taux de grains punaisés pour les origines russes, et le relever à 0,5% pour cette origine. Et ce dès le prochain tender ». Le prochain appel d’offres (ou tender) algérien est prévu pour fin septembre, précise l’expert. Le gouvernement algérien aurait déjà avalisé le nouveau cahier des charges, selon le trader de Lecureur. Reuters affirme de son côté que l'OAIC (Office Algérien Interprofessionnel des Céréales) a effectivement informé les traders qu'il allait s'ouvrir aux achats de blé tendre russe. Le nouveau cahier des charges autorise, selon le média, l'entrée de marchandises russes avec un taux de dégâts d'insectes à 0,5 %, et un taux de protéines à 12,5%. D'après la même source, les exigences pour l'Hexagone restent les mêmes: 0,1 % de dégâts d'insectes, et un taux de protéine à 11%.

Cela fait plusieurs mois que la France s’attend à ce que l’Algérie ouvre ses portes aux origines russes. Mais la crainte se précise et le changement serait imminent.

1,5 à 2,5 Mt de blé tendre français 2020/2021 sur l’Algérie ?

Pour cette année, l’Hexagone pourrait n’exporter que 1,5 à 2,5 Mt de blé tendre sur l’Algérie sur l’ensemble de la campagne 2020/2021, contre 4 à 5 Mt d’habitude, compte tenu d’une hausse de la concurrence internationale, mais aussi et surtout du fait de la baisse de la récolte française, indique Thierry de Boussac.

Toutefois, « Ce n’est pas parce que la Russie pourra accéder au marché algérien que nous allons perdre d’importantes parts de marchés sur cette destination de manière durable. Les meuniers algériens ont l’habitude de travailler du blé français, les français respectent historiquement le cahier des charges algérien, permettant d’instaurer un climat de confiance, et nous avons la proximité géographique », rassure le trader.

De plus, ce dernier estime que « si la tolérance envers le taux de grains punaisés va être relevé pour l’origine russe, il est possible que l’exigence en termes de taux de protéine le soit aussi. L’origine française restant à une tolérance de 0,1 % de taux de grains punaisés, il n’y a pas de raison que les exigences en termes de taux de protéines soient relevées ».

Par conséquent, Thierry de Boussac parie sur le fait que lorsque la France retrouvera un niveau de production normal (autour de 35 Mt), l’Algérie se tournera de nouveau vers l’origine hexagonale, qui représentera de nouveau 60% de ses approvisionnements en blé tendre.

6 à 6,5 Mt de blé tendre hexagonale sur pays-tiers

De manière globale, « nous tablons sur des exportations françaises de blé tendre à 6-6,5 Mt en 2020/2021 sur pays-tiers », détaille Thierry de Boussac, contre 13,461 Mt en 2019/2020 selon FranceAgriMer (Fam).

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