La raréfaction de l’offre va changer le paradigme de la filière viande

La « viande », produit abondant pendant des décennies, est-elle en phase de devenir juste suffisante sur un marché européen en déclin ?

Bovins de boucherie – Même si les négociations commerciales sont closes, la guerre en Ukraine et ses conséquences économiques vont encore faire évoluer les prix dans une inflation non maîtrisée des matières premières et de l’énergie. Ce qui ressort de ces dernières semaines de négociations commerciales, c’est le malaise d’une filière (éleveurs et amateurs) qui veut pouvoir répercuter la hausse des charges à un circuit aval qui perd des parts de marché face à la concurrence étrangère. Malgré ces difficultés économiques, les éleveurs cherchent à séduire un public urbain à la recherche de repères. Le salon de l’agriculture est en cela un très bon relais de communication, car l’ensemble des médias a les yeux braqués pendant une semaine sur le monde agricole. La demande de sécurité alimentaire, de bien-être des animaux et du respect de l’environnement restent au cœur des préoccupations des consommateurs de plus en plus flexibles dans leur alimentation.

Cette vitrine est également le lieu où des enseignes se mettent en avant dans le respect de la loi Egalim 2, avec une volonté affirmée de la FNB et du ministre de l’Agriculture de faire avancer à marche forcée l’application de cette loi. Mais force est de constater que sur le terrain, les éleveurs ne semblent pas si pressés que ça de s’engager au regard d’une conjoncture favorable à la rémunération de la viande sur un marché où l’équilibre offre/demande est marqué par un recul structurel et important de la production. Tous les acteurs du secteur aval essaient « d’accrocher les branches » pour ne pas sombrer, dans un environnement inflationniste des coûts de transformation. De nombreux abattoirs ont concentré leur activité sur 4 jours d’une part pour faire face à la réduction de l’offre, mais surtout pour diminuer les charges.

La « viande », produit abondant pendant des décennies, est-elle en phase de devenir juste suffisante sur un marché européen en déclin ?  Cette raréfaction de l’offre et l’évolution de la consommation vers des produits transformés ont changé le paradigme. La fin des négociations commerciales entre les industriels et la distribution va amener à une revalorisation de la viande hachée, qui va entraîner une proportion de plus en plus importante de pièces nobles vers le hachoir. Mais face au différentiel tarifaire avec l’import, certaines enseignes ne se privent pas pour proposer ponctuellement ces viandes en promotion. Les vieux réflexes perdurent pour attirer la clientèle.

Ce relèvement des prix vient se heurter à la baisse du pouvoir d’achat des ménages, qui feront des choix dans la gestion de leur budget où la viande est une facile variable d’ajustement.

La notion du prix payé aux éleveurs reste en revanche assez abstraite, car le lien entre le prix payé pour une pièce de bœuf dans un magasin et celui réglé aux producteurs ne se fait pas sur la même échelle de valeurs. Le premier est un produit fini qui doit intégrer les fortes disparités entre la valorisation des différents muscles de l’animal et le second est un prix au kilo de carcasse qui induit une forte disparité en fonction des races, de la conformation et de la finition des animaux.

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