Lait : jusqu’à quand la hausse des cours va-t-elle permettre de couvrir l’augmentation des charges ?

Hausse des intrants, dérégulation des marchés, inflation… Les éleveurs laitiers traversent toujours une période mouvementée avec une conjoncture de prix de vente touchant des niveaux de cotations rarement atteints.

Après avoir frôlé les 500 €/1 000 litres entre décembre 2022 et février 2023, le prix du lait s’établit à 486,5 € en mars 2023, soit une baisse de 12,5 € sur un mois. Comparé à la même période l’an passé, il reste à un niveau historiquement haut : + 68 € par rapport à mars 2022. Notons par ailleurs que les écarts entre laiteries s’accentuent.

Une hausse globale des prix

En parallèle, après avoir augmenté de manière inédite depuis plus d’un an, l'indice d'évolution des prix des intrants publié par le site Agreste (indice IPAMPA) semble enfin s’approcher d’un plafond. Ainsi, si l’on se réfère à ces valeurs IPAMPA publiées en juin pour des indices correspondant aux factures d’achats d'avril 2023, les prix d'aliments VL sont encore en hausse de 6,5 % mais par contre ceux de l'énergie et des engrais amorcent leur baisse.

Une hausse des cours plus rapides que celle des intrants ?

Dans la dernière référence établie par le groupe Cogedis (entre octobre et décembre 2022), la moyenne des prix perçus s’élevait à 446,8 €/1000 litres soit 70,5 € de plus qu’il y a un an à la même époque. La même étude fait apparaître un point d’équilibre lié au lait de 424,4 € par 1000 litres de lait vendu. La trésorerie dégagée par les élevages laitiers pour le 4ème trimestre 2022 s’établit donc à 17,9 €/1000 litres soit 11 187 €, pour un élevage laitier moyen vendant 625 000 litres de lait avec 81 vaches laitières.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Si l’on se réfère aux valeurs IPAMPA publiées par Agreste en juin pour des indices correspondant aux factures d’achats en avril 2023 et qu’on les applique sur les composantes permettant d’évaluer le point d’équilibre moyen de notre échantillon, ce dernier passe de 424,4 à 424 €/1000 l soit une baisse des dépenses de 0,4 €/1000 l. Ce faible écart dans les projections du point d’équilibre traduit le fait que le prix des intrants a atteint un plateau, qui pourrait durer quelques mois.

Quant au prix, il pourrait continuer à croître : le prix moyen annuel perçu par notre échantillon passerait de 442,3 € à 490 €/1000 l au quatrième trimestre 2024 soit une augmentation des recettes de 47,7 €/1000 l. Le point d'équilibre prévisionnel est donc encore couvert par le prix de vente du lait et la trésorerie reste donc positive de 66 €/1000 l.