Le pâturage des veaux dès 15 jours n’affecte pas leur croissance

Qu’ils soient élevés en plein air ou en nurserie, les veaux affichent des croissances similaires. Tel est le résultat des essais des trois fermes expérimentales du Grand Ouest qui ont testé l’élevage des veaux à l’herbe dès leur plus jeune âge.

En croisant les résultats obtenus sur les fermes de Trévarez, de la Blanche-Maison et des Trinottières, le constat est unanime : faire pâturer les veaux dès 15 jours permet des performances de croissance équivalentes à une conduite classique en bâtiment, et ce, pendant la phase lactée et le post-sevrage.

Les différents essais conduits ont démontré que l’objectif des 90 kg au sevrage est bien atteint. À la Blanche-Maison dans la Manche, entre 2017 et 2020, ce sont 92 génisses normandes qui ont été élevées à l’herbe. En première année, il s’agissait uniquement des veaux nés au printemps et en été. Puis, suite à des premiers résultats très positifs, les veaux nés en février ont également été mis à l’herbe dès 10 jours.

Au sevrage, le lot élevé à l’herbe a affiché un poids moyen à peine inférieur aux génisses élevées en nurserie (93,6 kg contre 99,3 kg). Mais ces dernières ont été sevrées sept jours plus tard que celles élevées dehors (respectivement 87 contre 79 jours). Au final, pendant la phase lactée, les gains moyens quotidiens (GMQ) des deux lots sont identiques : 640 g/j. Et il n’y a pas de différence significative sur les performances de croissance jusqu’à 15 mois.

Mêmes conclusions à Trévarez dans le Finistère. En système conventionnel, les croissances de 52 génisses prim’Holstein élevées dehors ont été comparées à celles de 86 génisses élevées en nurserie, toutes étant nées au printemps, entre 2005 et 2013. À 1 an, les poids respectifs de chaque lot sont proches : 322 kg de poids moyen pour le lot élevé à l’herbe, et 312 kg pour celui des veaux élevés en nurserie. En système bio, à Trévarez toujours, les résultats vont dans le même sens. À 6 mois, les treize génisses croisées élevées à l’herbe pèsent le même poids que celles élevées à l’intérieur. L’expérience des Trinottières dans le Maine-et-Loire conforte encore ces résultats.

Moins de consommation de lait, de concentrés et de paille

Sortir les veaux à l’herbe dès leur plus jeune âge présente des atouts. La transition au pâturage est facilitée. À la Blanche-Maison, jusqu’au sevrage, ils consomment moins de lait (-47 l par veau) et moins de concentrés (-12,1 kg par veau) en compensant par l’ingestion d’herbe. L’utilisation de paille est également réduite (-100 kg par veau en première année). La santé des veaux est préservée et le risque parasitaire n’est pas plus élevé, comme l’ont montré les suivis de coproscopie.

À retenir

Croissances maintenues
Valorisation du pâturage dès la première année
Moins de fourrages et de concentrés
Travail simplifié

Avis d’expert : Flore Lepeltier, de la ferme expérimentale de la Blanche-Maison

« Cette conduite nécessite quelques points de vigilance »

 

 
Flore Lepeltier, de la ferme expérimentale de la Blanche-Maison © E. Bignon
« L’installation de niches, de cabanes ou d’igloos pour protéger les veaux du vent et du soleil en été, ainsi que d’autres aménagements tels que des bacs à tétines, alimentateurs à concentrés collectifs et râteliers couverts contribuent à la réussite de cette pratique. Mieux vaut aussi que l’abreuvement intervienne sur un sol stabilisé. Il faut également offrir une herbe de qualité en quantité suffisante et maintenir le concentré au sec pour qu’il soit bien ingéré. Nous avons opté pour un plan de buvée collectif une fois par jour pour simplifier la conduite avec des lots de veaux homogènes, mais il faut rester attentif aux effets de concurrence. Et maintenir un contact proche avec les veaux reste essentiel pour éviter qu’ils ne soient trop craintifs. »