Le renouvellement des générations plus dynamique en caprin

La production caprine attire jeunes et moins jeunes pour faire soi-même son fromage ou dans le cadre d’un lien étroit avec un collecteur/transformateur.

 

La population des éleveurs de ruminants marque un fort vieillissement depuis le début des années 2000. Dans les secteurs bovins, en particulier laitier, il est lié à l’abandon de la politique de préretraite-installation à la fin des années 1990, ce qui a contribué à diviser par deux les niveaux d’installation par an. Pour les secteurs viande (bovine et ovine), il est aussi dû au maintien en activité d’éleveurs à plus de 62 ans qui préfèrent conserver les aides de la PAC (en particulier avec les ICHN) plutôt que toucher une faible retraite. Les installations plus tardives (plus de 40 ans), en reconversion professionnelle par exemple, sont en nette croissance depuis 2010 et contribuent aussi à ce phénomène. D’après les données de la MSA, elles représentent 25% des installations en ovins viande, 21% des exploitations en caprins, 15% en bovins lait. Avec 41% d’éleveurs de plus de 50 ans en 2019 (25% de plus de 55 ans), la filière caprine est moins marquée par le vieillissement (autour de 50% pour les autres filières animales). Une valeur proche de celle de 2010 ou 1988, mais bien supérieure à celle de 2000 (27%).

Les moins de 40 ans détiennent un tiers des chèvres

La filière caprine est une des plus attractives de l’agriculture française, avec le maraîchage, en particulier pour les jeunes actifs. "Le tiers des éleveurs caprins a moins de 40 ans contre le quart pour les autres secteurs ruminants", a signalé Christophe Perrot lors d’un récent webinaire de l’Académie d’agriculture. Le métier de fromager a gagné en attractivité ces dernières années, constituer un cheptel caprin est moins onéreux qu’en bovin et le secteur caprin attire une proportion de femmes plus importante. La production artisanale propose davantage d’opportunités et s’inscrit dans la dynamique actuelle de consommation locale. Néanmoins, nombre de nouveaux candidats voire d’installés déchantent vite devant les réalités de l’élevage. « Le pouvoir de séduction de l’agriculture semble fort mais beaucoup de projets ne vont pas jusqu’au bout quand il s’agit de passer du rêve à la réalité face aux difficultés à trouver du foncier et aux moyens et compétences à réunir pour réussir», rappelle Christophe Perrot. En production fermière, le turn-over semble important mais les exploitants envisagent plus facilement des carrières courtes plutôt que de consacrer leur vie entière à leur ferme.

De plus, la plupart des laiteries ont mis en place des mécanismes d’accompagnement à l’installation voire de recrutement pour les systèmes livreurs afin de gérer leur approvisionnement localement avec des nombres limités d’exploitations concernées. Depuis 2010, les données de la MSA indiquent que les petits ruminants (ovin et caprin) sont les productions agricoles qui affichent les meilleurs taux de remplacements des actifs (autour de 100%). C’est particulièrement vrai actuellement pour le secteur caprin mais la vigilance et la promotion du métier de chevrier restent néanmoins des axes de travail à prendre au sérieux puisqu’un peu plus de 20% du cheptel est géré par des éleveurs de 55 ans ou plus.