Les éleveurs prennent le RIP en grippe

[Edito] Le projet de référendum d’initiative partagée (RIP) sur la cause animale peine à convaincre les principaux intéressés dans le monde agricole : les éleveurs.

Abandon des cages et accès au plein air pour les animaux d’élevage : voici les deux principales mesures agricoles du projet de référendum d’initiative partagée (RIP) sur la cause animale lancé début juillet par trois grands patrons du digital. Des propositions plutôt consensuelles et qui recueillent l’adhésion d’une grande partie de la société, sans compter qu’elles ne font que prolonger certaines mesures prises par le gouvernement avec la loi Egalim.

Mais dans les rangs des syndicats agricoles, l’initiative passe mal. Même la Confédération paysanne, pourtant prompte à défendre le bien-être animal et la « désindustrialisation » de l’agriculture, ne voit dans ce RIP « que des éléments techniques de bientraitance animale sans prendre en compte le paysan ni les enjeux économiques ».

Autre point de crispation : parmi les centaines de startups financées par Xavier Niel, l’un des promoteurs du référendum, figurent des entreprises fabriquant de la viande artificielle. La FNSEA y voit un « mélange des genres » « terriblement gênant pour notre démocratie ». Dans un communiqué de presse publié cette semaine, le syndicat s’interroge sur « l’honnêteté » de ces « milliardaires du numérique », qui, « se drapant publiquement de vertu pour la cause animale, cherchent en réalité à réaliser une OPA sur la viande ».

Au final, il semble que la grogne soit à chercher du côté de la personnalité même des initiateurs de ce projet de RIP : trois patrons du digital, riches, influents, soutenus par des dizaines de célébrités. A l’instar du débat public sur la PAC, tout un chacun a un avis, et le donne, sur l’avenir de l’agriculture.

Et le monde agricole dans tout ça ? Eh bien, il se transforme. Et dans le sens des attentes de la société. Pour en revenir aux cages, rappelons par exemple que la filière œufs est déjà engagée dans des démarches de progrès : plus de 50% des élevages de poules pondeuses sont désormais hors cage, un objectif que la filière avait fixé à 2022 et qu’elle a atteint avec près de deux ans d’avance.