L’électricité, alternative au glyphosate ?

L’entreprise suisse Zasso développe un système de désherbage par électrocution, détruisant les adventices jusqu’aux racines. Le prototype est en cours d’évaluation en grandes cultures par Arvalis et en vigne par l’IFV.

Les avantages du glyphosate sans les inconvénients : la promesse est extrêmement forte mais elle est soutenue par l'entreprise suisse Zasso et son système Electroherb, faisant l'objet d'une dizaine de brevets. Il se compose d'un générateur, entrainé par la prise de force du tracteur, et de deux rangées d'applicateurs constituant les deux pôles d'un circuit fermé. Le courant généré est acheminé par la première rangée d'applicateurs en acier inoxydable. Flexibles, ils sont au contact des mauvaises herbes. Le courant électrique traverse les feuilles et les tiges jusqu'aux racines, provoquant l'éclatement des vaisseaux, avant de remonter vers la seconde rangée d'applicateurs. Des isolateurs en polymère empêchent l'électrification inutile du sol très conducteur.

Ni résidu, ni résistance

Le constructeur annonce une efficacité similaire à celle du glyphosate, résidus et risques d'apparition de résistance en moins. L'efficacité est indépendante de l'humidité et de la physiologie des adventices. Selon la météo et les adventices en présence, le flétrissement s'opère dans un laps de temps compris entre quinze minutes et plusieurs jours. L'opérateur peut adapter l'énergie à la flore en présence : les plantes à haute teneur en eau et/ou avec peu de tiges et de racines par rapport à leur masse foliaire requièrent moins d'énergie que les herbes hautes, denses ou ligneuses. L'efficacité́ diminue seulement si la densité́ des plantes est très élevée ou si les plantes plus petites sont protégées par d'autres. La vitesse d'exécution est comprise entre 3 et 5 km/h mais le constructeur escompte atteindre les 6 à 10 km/h avec des applicateurs avancés. La consommation de gazole est comprise entre 5 l/ha et 30 l/ha selon la flore.

Tests en cours

L'Electroherbe peut être utilisé en plein pour réaliser le désherbage intégral d'une parcelle mais il peut être déployé en localisé, moyennant la mise en œuvre de caches protégeant la culture en place de tout contact avec les électrodes. D'un point du vue agronomique, le concept est actuellement testé par Arvalis en grandes cultures et par l'Institut français de la vigne et du vin en viticulture. La technologie fait également l'objet d'évaluations indépendantes sur les éventuels impacts de l'électrification sur les organismes vivants du sol.  Selon Zasso, l'Electroherbe présente tous les gages de sécurité vis à vis des opérateurs (zéro contact entre les applicateurs, arrêt automatique en cas de court-circuit...). Il est aussi conforme aux valeurs seuils de compatibilité́ électromagnétique (CEM). Outre l'agriculture, le constructeur escompte développer sa technologie dans les secteurs urbains et forestiers.