Smart Agri Forum : l’attractivité des métiers de l’élevage passera par des outils connectés

Les participants aux tables rondes de la quatrième édition du “rendez-vous de l’agriculture et de l’innovation” sont unanimes : le numérique est nécessaire à l’avenir de l’élevage.

L’intérêt des éleveurs pour les technologies numériques appliquées à la ferme n’est plus à démontrer. En deux ans, plus de 300 éleveurs ont bénéficié du programme “soutien à l’acquisition d’équipements connectés” mis en place par le conseil départemental du Cantal(1) : détecteur de chaleurs, de vêlage, système de vidéo dans les bâtiments… Autant d’outils vite devenus indispensables au même titre que ceux qui ont goûté au robot repousseur ou au distributeur de lait pour les veaux, comme en témoigne la ferme pédagogique du lycée agricole Georges-Pompidou (voir ci-dessous). C’est ici que s’est tenue la quatrième édition du SmartAgri forum, le 4 avril.  À l’occasion de cet évènement, Fabrice Pannekoucke, vice-président de la Région en charge de l’agriculture, a souligné la nécessité pour l’agriculture et ses filières d’innover pour répondre à l’attente sociétale et pour conserver et même gagner des parts de marché. Les caméras, les robots, etc. sont peut-être un peu loin de l’image d’Épinal que beaucoup se font de l’agriculture, mais n’empêche pas l’authenticité des produits, estime Jérôme Péjot, directeur départemental des territoires. 

Témoignages 

Christophe Vidal, conseiller départemental mais aussi éleveur en Gaec avec son épouse, coche quasiment toutes les cases numériques sur son exploitation de Valuéjols. “Sans ces aides technologiques, jamais je n’aurais accepté de mandat”, témoigne celui qui est aussi maire de sa commune. L’essentiel de sa ferme et de l’activité du troupeau sont contrôlés à distance, sur son smartphone (Dac, indicateurs de production, caméras, détection des chaleurs...). “Je n’interviens qu’en cas de problème”, précise Christophe Vidal, en confiant aux futurs installés que cela permet d’acquérir une qualité de vie proche d’un citoyen lambda. L’équipement parfait consisterait à y ajouter une surveillance des points d’eau, notamment de leur niveau en montagne. François Martin, conseiller spécialiste en bovins viande, confirme que l’observation du troupeau à distance rassure, notamment lors des périodes de vêlage, “dont dépend le revenu”.  Marie-France Forses, directrice de l’ADSEA du Cantal, exploitante de la ferme de l’Ésat d’Anjoigny, sait l’importance de la vidéo-surveillance installée en 2019 et des détecteurs de chaleurs en 2022, pour surveiller à distance et intéresser les jeunes travailleurs “qui ont grandi avec le numérique”. Elle n’hésite pas à parler de “nécessité pour pérenniser l’exploitation”. Un autre volet de la modernisation des exploitations était abordé lors de ce forum SmartAgri : la revente de crédit carbone par les exploitants. D’abord parce qu’ils deviennent de plus en vertueux, y compris grâce aux économies de carburant générées par des surveillances à distance et autres robots, mais aussi parce que l’informatique devient le partenaire incontournable pour mesurer la quantité de carbone stockée et revendue aux grosses entreprises qui en ont besoin (des filiales pétrolières par exemple). “Elles cherchent des exploitations dans le Cantal”, glisse Emma Castel de Landestini. Sébastien Crépieux, ambassadeur Aura et Paca de la Ferme digitale, avance un prix de l’ordre de 50 €/tonne. 

Mieux communiquer 

Henri Landes, de la fondation Landestini, ne voit que du positif aux exploitations à l’ère numérique. L’outil moderne permet de faciliter le quotidien et réserver plus de temps à sa famille, à ses amis et aux loisirs et donc de s’ouvrir davantage sur le monde. Éric Cazassus, directeur du lycée agricole, applaudit des deux mains : “Ce n’est pas en communiquant sur le fait qu’on travaille 80 heures par semaine sur son exploitation qu’on relèvera le défi démographique et qu’on donnera envie aux jeunes de reprendre nos entreprises.” Enfin, le DDT invite à se saisir de l’informatique également pour communiquer auprès des consommateurs sur les pratiques et les productions, via les réseaux sociaux notamment. 

 

(1) Des subventions de 40 % (et même 50 % si installé depuis moins de cinq ans) avec un plancher de dépense à 1 000 € et un plafond à 10 000 € HT. Se renseigner auprès de la chambre d’agriculture du Cantal.