Vendée - Le temps des explications est compté

Jordy Bouancheau, président de JA 85, et Brice Guyau, président de la FDSEA 85, précisent leurs attentes face aux grandes enseignes et évoquent leurs prochaines rencontres avec le préfet et les directions des magasins Leclerc de Vendée.

 
  • Face à l’augmentation des coûts de production agricole et des prix d’achat GMS systématiques bas, comment cela va-t-il se traduire sur la mobilisation des agriculteurs à l’encontre des GMS de Vendée ?

Brice Guyau : Aujourd’hui, au vu de la conjoncture économique et de l’évolution des prix des matières premières, la loi ÉGAlim 2 nous permet de demander une prise en compte de l’augmentation de nos coûts de production. Ces deux facteurs imposent une hausse importante du prix des matières premières dans les produits alimentaires.

C’est pourquoi que nous venons de distribuer ce jeudi 27 janvier un courrier à l’ensemble des directeurs de magasins en Vendée, en mains propres ou par voie postale. Nous réclamons cette revalorisation obligatoire des produits agricoles.

Jordy Bouancheau : L’idée, c’est d’aller rencontrer les enseignes, pour exprimer notre désarroi et notre impuissance face à l’augmentation des charges sur nos exploitations. Dans un second temps, nous souhaitons leur expliquer tout l’enjeu de l’application rapide de la loi ÉGAlim 2, pour répercuter cette hausse des charges sur le prix d’achat de nos produits agricoles. Toutes les filières de production sont concernées : viande, lait, volailles, céréales… et donc mobilisées.

  • Vous avez invité les responsables des enseignes Leclerc de Vendée à une rencontre le 31 janvier (voir courrier ci-dessous), quelles sont vos attentes pour ce rendez-vous ? Quelle réaction attendez-vous de la part de ces directrices et directeurs de magasins ?

B. G. : Au vu des discussions des années passées avec les directeurs des Leclerc de Vendée et les communications de Michel-Édouard Leclerc, nous les sollicitons à nouveau le 31 janvier pour une discussion sur l’ensemble de leurs pratiques commerciales et notamment leur respect de la loi ÉGAlim 2.

Si la distribution applique cette loi, la transparence du producteur au consommateur pourra enfin nous permettre une traçabilité et un prix rémunérateur à la hauteur des enjeux agricoles français. S’ils restent sourds à nos demandes ? Ce coup-ci, la loi sera de notre côté et nous demanderons à l’État de l’appliquer.

J. B. : Il y a un an, nous avions commencé un dialogue avec eux à la suite des actions syndicales que nous avions menées alors. Ce dialogue constructif visait à leur expliquer l’intérêt de prendre en compte les coûts de production de nos exploitations. Dans la continuité de ces bonnes relations, face à une enseigne qui se dit toujours « vouloir être la moins chère », l’enjeu serait aussi d’expliquer à ces directeurs et directrices l’intérêt de valoriser le travail de l’agriculteur, bien sûr, mais aussi de l’ensemble des acteurs de la filière.
Parce qu’il est important que tout le monde gagne sa vie et que, parfois, la répercussion sur le consommateur puisse être minime mais réelle. Par exemple, l’augmentation d’1 € du kilo de carcasse en viande bovine chez l’agriculteur ne représente que 3 centimes d’euro sur une barquette de viande.

Nous espérons que nos interlocuteurs joueront la transparence et qu’ils se mobiliseront aussi sur l’application de la loi ÉGAlim 2. Nous attendons de leur part une réponse concrète, pour pouvoir la transmettre dans les campagnes, sur l’avancée du dossier. Ce sera ensuite le syndicalisme et les agriculteurs qui prendront collectivement les décisions. Leur délai pour agir est connu : avant fin février, et avant la conclusion des négociations commerciales.

  • Qu’attendez-vous de la rencontre de jeudi 27 janvier avec le préfet, en amont de celle du 31 janvier avec les directions des Leclerc ?

B. G. : Nous souhaitons réaffirmer au préfet la nécessité d’une application de la loi ÉGAlim 2 jusqu’aux distributeurs avec la présence de l’État, avant la fin de ses premières négociations commerciales.  Nous lui présenterons aussi la difficulté dans certaines filières, comme le porc actuellement, avec un réel besoin d’accompagnement

J. B. : Nous espérons que le préfet de Vendée mobilise l’ensemble de ses forces départementales (DDTM, Direction départementale de la protection des populations), sur des contrôles rapides auprès des opérateurs de la filière pour s’assurer que tout le monde joue le jeu. Il faut que le préfet, à l’échelon départemental, aie la même envie de faire appliquer la loi ÉGAlim 2 que le ministre de l’Agriculture l’a eu dans ses récents propos.

Propos recueillis par Marie Laudouar et Yvelise Richard