Bruxelles au secours des vignerons européens

Dans un courrier adressé aux eurodéputés français du groupe Renaissance, le Commissaire européen à l’Agriculture, Phil Hogan, a annoncé des dispositions législatives destinées à améliorer les campagnes de promotion des vins à l’exportation. L’objectif est de minimiser l’impact des sanctions américaines, estimées à 300 millions d’euros pour la France.

En dépit de la fin imminente de son mandat, Phil Hogan n'a pas encore raccroché son tablier. Dans un courrier daté du 22 novembre, adressé aux eurodéputés français du groupe Renaissance, il répondu favorablement à leur demande de flexibiliser les critères de financement par l'UE des campagnes de promotion en dehors de l'UE. L'objectif est double : il s'agit de permettre aux opérateurs de se tourner vers d'autres marchés et de renforcer les actions sur le marché américain. « Je vais donc proposer que les Etats membres puissent, d'un côté donner la permission aux opérateurs qui le souhaitent de changer les marchés de destination de leurs opérations de promotion déjà approuvée et, de l'autre, modifier leur programme plusieurs fois par an pour lancer des appels à demande de soutien », a-t-il écrit.

Plusieurs leviers

Dans cette même lettre, le Commissaire évoque également la levée de la limite de durée des programmes de promotion, aujourd'hui fixée à 5 ans, ainsi que le taux de financement de l'Union comme autres leviers possibles.

« Je me réjouis vivement de la réponse du Commissaire pour répondre aux préoccupations des viticulteurs sur la rigidité de la législation européenne étant donné qu'elle ne permet pas actuellement de reprogrammer les campagnes en cours dans un cas de force majeur comme celui des sanctions américaines », a précisé Irène Tolleret, députée européenne LREM et viticultrice dans l'Hérault. « La Commission souhaite réagir rapidement », a encore écrit Phil Hogan. Pour maintenir la pression politique, le Parlement Européen adoptera le jeudi 28 novembre, suite à l'initiative du groupe Renew Europe, une résolution sur les mesures de rétorsions appliquées contre les exportations agroalimentaires européennes.

Un impact de 300 millions d'euros

Le 18 octobre dernier, le président américain Donald Trump a mis à exécution sa menace de taxer à hauteur de 7,5 milliards de dollars une liste de produits européens, après avoir reçu le feu vert de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) dans le cadre d'une bataille juridique vieille de 15 ans entre Boeing et Airbus. Outre les avions, les vins français mais aussi les vins espagnols, l'huile d'olive espagnole, le whisky écossais et les fromages de toute l'Europe sont touchés par une taxe de 25%.

S'agissant des boissons alcoolisées, la mesure épargne les conditionnements en vrac, les effervescents et les alcools titrant plus de 14%. La facture pour la filière vitivinicole française s'élève à 300 millions d'euros.

Début 2020, l'OMC doit fixer le montant des sanctions que l'Europe pourra imposer aux importations américaines, Boeing ayant également été reconnu coupable de subventions illégales.