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La taille en passe d’être robotisée avec Myce de Wall-Ye
L’entreprise bourguignonne Wall-Ye démarre la production de son robot enjambeur Myce, doué pour tailler en Royat, en Guyot ou en gobelet, à raison de 50 à 150 pieds par heure, en totale autonomie énergétique. Et qui taille un cep le désherbe, l’épampre, le rogne, le pulvérise et le récolte...
La taille reste la dernière opération résistante à la mécanisation. Ce n'est pas tout à fait exact car depuis quelques années, le concept de taille rase mécanique permet de tailler significativement dans les charges de main d'œuvre, en réduisant à quelques heures par ha le chantier de taille de finition, largement dégrossi par le passage d'une machine dédiée. La taille rase mécanique, qui exige une conduite spécifique du vignoble, (cordon, pailissage...) est adaptée aux vignobles intensifs à haute productivité destinés par exemple à produire des vins sans IG. Mais elle est interdite dans les vignobles AOP, la taille rase conduisant à une démultiplication du nombre d'yeux en totale contradiction avec les cahiers des charges. C'est là où la robotisation pourrait venir au secours de la mécanisation. L'enjeu n'est pas mince : la taille représente entre 15 et 25 % des coûts de production du vignoble.
Myce, version inter-rang
Basée à Mâcon (Saône-et-Loire), l'entreprise Wall-Ye travaille le sujet depuis 2008. Son dirigeant, Christophe Millot, conçoit depuis plus de 20 ans des logiciels à destination de l'industrie, avec un savoir-faire en matière de cartographie et d'imagerie, deux disciplines natives de la robotisation appliquée à la taille de la vigne. Depuis bientôt 10 ans, Christophe Millot s'évertue à mettre au point un robot capable de tailler la vigne, non sans susciter une certaine circonspection, voire une circonspection certaine. « Le défi de la taille robotisée, c'est celui de la reconnaissance des formes et des couleurs », déclare-t-il. « En extérieur, c'est très complexe, mais après 20 ans de métier et la moitié de mon temps passé dans les vignes et les champs, je pense connaître le sujet ». En 2016, Yall-Ye entame la commercialisation de son robot Myce, en version inter-rang. Le robot est capable de reconnaitre les pieds de la vigne, la texture du bois, la position des yeux ou encore les fils de fers. Son bras armé d'un sécateur est apte à tailler les vignes conduites en gobelet et en cordon de Royat, le tout à la cadence de 50 pieds à l'heure, par tous les temps, de jour comme de nuit, sur terrain plat et pentu, et sans interruption grâce et ses batteries et son panneau solaire. Une trentaine d'exemplaires est écoulée, en France et aux États-Unis où Yall-Ye dispose d'une base au Texas. Outre la taille, Myce est apte à tondre dans l'inter-rang ainsi qu'à fraiser l'inter-plant au moyen d'un bras rétractable.
Myce, version enjambeur
En matière de robotisation, Wall-Ye fait le pari de porteurs légers (250 kg) et autonomes en énergie, à l'opposé des enjambeurs et tracteurs inter-ligne, avec ou sans chauffeur. Pour gagner en autonomie et en polyvalence, l'entreprise décline Myce en version enjambeur à quatre roues directionnelles. Son vaste panneau solaire (1,5 m X 1,6 m) lui procure son autonomie énergétique, avec une réserve de 48 heures en cas de pénombre totale. « Cette version permet d'embarquer deux sécateurs, ce qui rend le robot apte à tailler les vignes conduites en Guyot », indique Christophe Millot. « Cinq exemplaires ont déjà trouvé preneur à Sancerre, à Bordeaux, en Alsace, en Haute-Provence ainsi qu'en Suisse. Avec mon partenaire industriel basé au Creusot, nous allons passer d'une production de cinq unités par mois à vingt unités par mois. La demande est là ».
Myce, version vendangeur et maraicher
Le prix de Myce version enjambeur oscille entre 15.000 € et 20.000 € selon les équipements. Car Myce a d'autres cordes à son arqure. S'il peut tailler avec ultra-précision, à raison de 50 à 150 pieds par heure selon le contexte, le robot peut travailler le rang, épamprer, rogner, pulvériser en localisé. Il s'est même essayé à la vendange dans le Médoc cette année. La vigne n'est pas non plus son domaine exclusif. Wall-Ye compte en effet mettre à profit son savoir-faire en matière de reconnaissance de forme pour développer une version maraichère, potentiellement capable de semer, planter, désherber, récolter.