Les vins de Provence voient la vie en rose

En 2017, les rosés de Provence confirment leur santé éclatante et leur formidable envolée, notamment à l’étranger. Avec un bond des exportations de + 36 % en volume et + 38 % en valeur entre 2016 et 2017, tous les feux sont au vert. Un succès tiré avant tout par la soif de rosé des Américains qui, à eux seuls, ont absorbé, l’an passé, plus de la moitié des exportations. De quoi faire pâlir d’envie plus d’une région viticole de France !

Alors qu'il y a encore moins de huit ans, la Provence était quasi absente des radars internationaux, ce sont maintenant plus de 30 % des 167 millions de cols vendus chaque année qui prennent le chemin de l'export, selon les derniers chiffres du CIVP. Les ventes à l'international sont ainsi passées de 60 000 hl en 2008 à plus de 380 000 hl en 2017, tandis que la valeur a bondi dans le même temps de 20,2 M€ à 226,20 M€.

Un marché tiré par les USA puisque 22 millions de bouteilles de rosé de Provence ont été vendues l'an passé, soit 43 % des exportations en volume et plus de la moitié en valeur. Dans ce pays, où les ventes s'élevaient à peine à 3 M€ en 2008, le chiffre d'affaires export a explosé à 114,3 M€ l'an passé !

Une « success story » portée par la hausse de la consommation globale de rosés dans ce pays (3 Mhl en 2002 à 3,4 Mhl en 2016) mais aussi à un changement de goût : les Américains délaissent aujourd'hui les rosés sucrés pour des rosés secs, pâles et riches en arômes. La position de référence de la Provence dans le monde des rosés est aussi le fruit d'un énorme travail qualitatif fait par l'appellation ces 10 dernières années pour s'adapter au goût des consommateurs, mais aussi de l'attirance pour le « lifestyle » de cette région de France. Une notoriété boostée par le rachat, en 2008, du château de Miraval par le couple Brad Pitt et Angelina Jolie. ❙ Ce succès s'est accompagné d'une fulgurante augmentation des cours. Le prix moyen à l'exportation a quasiment doublé en moins de 10 ans : en 2008, le col de rosé moyen s'exportait à 2,56 € départ producteur, il atteint désormais 4,44 € en 2017, selon le CIVP.

Ces performances à deux chiffres rendent le vignoble provençal très attractif : 3 à 4 % des domaines changent de main chaque année, contre 1 % en Vallée du Rhône. Dans le Var, le prix moyen des vignes a augmenté de 11 % cette année à 40 000 €/ha (source Safer) mais il atteint 100 000 € /ha sur le littoral, et dépasse 150 000 € à Bandol. De quoi inquiéter la profession puisque les jeunes vignerons ont de plus en plus de difficultés à s'installer. À côté des exploitations familiales, arrivent désormais des investisseurs issus du négoce français, mais aussi de l'étranger ou encore des « grands patrons », entrepreneurs... Des grands noms qui toutefois, portent haut et loin les couleurs du rosé de Provence !

Cet article est extrait de la revue PRISME, l'analyse de la conjoncture et de l'actualité agricole et agroalimentaire

Lire tout le dossier : PRISME n° 21 – JUIN 2018 -  L'analyse de la conjoncture et de l'actualité agricole et agroalimentaire