"Agenda rural" : le gouvernement met l'accent sur les petits commerces et la jeunesse

Edouard Philippe a présenté le 20 septembre des dizaines de mesures pour soutenir les petits commerces et la jeunesse dans les territoires ruraux. La FNSEA a salué "un début d'éclaircie pour les campagnes françaises".

L'exécutif a choisi de donner suite à 173 des 200 mesures proposées dans un rapport remis mi-juillet par deux parlementaires et trois maires. "C'est la première fois qu'on a un plan aussi large pour les territoires ruraux", assure Matignon. L'Association des maires ruraux (AMRF), à l'origine de ce programme, en a découvert les contours en ouverture de son congrès annuel à Eppe-Sauvage (Nord). Vanik Berbérian, son président, s'est réjoui auprès de l'AFP de "pistes qui vont être développées et qui vont être mises en musique concrètement sur le terrain". 

"Nous, maires, sommes comme nos électeurs, et c'est peut-être pour ça qu'ils nous aiment autant : nous ne croyons que ce que nous voyons", a dit à l'AFP Yvan Lubraneski, maire divers-gauche des Molières (Essonne) et président des maires ruraux de son département. 

Devant environ 300 maires ruraux, Edouard Philippe a dit le 20 septembre vouloir "redonner des choix, de la liberté, des services" aux quelques 22,4 millions d'habitants de ces territoires. Le Premier ministre a regretté plusieurs "erreurs" récurrentes dans les politiques en faveur du monde rural, parmi lesquelles "l'erreur de (les) confondre avec les politiques agricoles". 

Il a détaillé les quatre priorités de cet "agenda rural" : transition écologique, proximité des services publics, sécurité et attractivité. "On doit avoir le choix, on doit avoir des choix chez soi, où que ce soit", a dit le Premier ministre. Dans ce cadre, le gouvernement entend notamment apporter un "soutien au commerce local", en ouvrant pour les municipalités des possibilités d'exonération fiscale que l'Etat pourra en partie compenser. 

L'Etat va aussi remettre en circulation des licences IV, permettant la vente d'alcool dans les débits de boissons et dont le nombre s'est significativement réduit ces dernières décennies, se concentrant dans les grandes villes et sur le littoral. Ces "licences de revitalisation", selon les mots du Premier ministre, ne seront pas transférables d'une intercommunalité à l'autre. Cette mesure rejoint l'initiative, soutenue par le gouvernement, du groupe d'économie sociale et solidaire SOS, qui vient de lancer un appel à projets pour déployer 1 000 cafés en zones rurales. Plus généralement, Edouard Philippe a promis "la simplification" de la réglementation pour ces petits commerces.  

"Recoudre" la cohésion des territoires

Autre axe fort de ce plan, la jeunesse : déploiement en 2020 d'une plateforme regroupant les services offerts aux jeunes au niveau national (comme le permis à 1 euro) et local (cartes de réduction pour les transports...) ; création de 15 000 services civiques dans les territoires ruraux ; arrivée de 33 campus connectés permettant de poursuivre des études supérieures à distance etc.  

Concernant le numérique, la couverture 5G bénéficiera aussi aux territoires ruraux en fixant des obligations aux opérateurs, et les zones blanches devront être résorbées "en cinq ans". Le gouvernement va lancer en 2020, dans la lignée du dispositif "Action coeur de villes" pour 222 villes moyennes, un plan spécifique pour les "petites centralités", en cours d'élaboration, pour notamment y conforter les commerces et services publics. 

"Nous oeuvrons pour répondre au besoin de proximité de l'action, pour reconstruire, pour recoudre", a expliqué Jacqueline Gourault, ministre de la Cohésion des territoires, le 20 septembre dans Le Figaro. L'exécutif veut en ce sens "que les maires redeviennent les acteurs centraux de l'intercommunalité", a assuré Edouard Philippe sous des applaudissements nourris.  

Des programmes gouvernementaux seront améliorés, accélérés ou fléchés plus précisément sur la ruralité, qu'il s'agisse d'exonérations pour rénover le bâti ancien, de dispositifs d'insertion par l'activité économique ou du recrutement de quelque 600 médecins pour résorber les déserts médicaux. Cet inventaire touffu nécessitera un suivi particulier, fait-on valoir à Matignon, en annonçant un premier comité interministériel de la ruralité en "début d'année prochaine"

La FNSEA a salué "un début d'éclaircie pour les campagnes françaises" à travers ces annonces, qui "doivent maintenant se concrétiser pour améliorer véritablement la vie quotidienne des habitants".