Agritourisme : les citadins en quête d’une « expérience »

A l’heure où la diversification est sur toutes les bouches, l’agritourisme semble intéresser de nombreux agriculteurs. Airbnb anticipe une progression des réservations d’hébergement à la ferme, car les citadins sont en quête d’une « expérience ».

Ils n'étaient que 1% en 1995 mais en 2019, le nombre d'agriculteurs à avoir lancé une activité d'hébergement à la ferme dit agritourisme est passé à 10%. C'est « l'expérience » que viennent chercher les citadins explique Aurélien Perol, directeur de la communication chez Airbnb. Pour lui « ce que cherchent les gens quand ils vont à la campagne, c'est un peu plus que dormir. » Et d'ajouter « Ce n'est pas rester dans une chambre et entendre le coq ; c'est rencontrer le coq ! » Pour Aurélien Perol, « c'est l'atout de l'agritourisme par rapport au tourisme classique ».

Constat partagé par Jean-Marie Lenfant, président délégué chez Bienvenue à la Ferme qui précise que 40% des voyageurs choisissent de s'établir pour quelques jours à la ferme pour leurs enfants, 23% pour y voir des animaux et 17% pour les produits fermiers. Cette diversification peut représenter pour certains « jusqu'à 50% du revenu » des petites exploitations, précise-t-il. Mais pour le président délégué de Bienvenue à la ferme, l'agritourisme est surtout la réponse à l'agribashing et au « besoin de réassurance des consommateurs ». En effet, au cours de son séjour, le voyageur pourra observer la vie à la ferme et les pratiques des agriculteurs. Jean-Marie Lenfant, convaincu par l'agritourisme, pense que l'accueil des voyageurs devrait aller plus loin dans « l'expérience », pourquoi pas jusqu'au travail à la ferme. Cependant, il prévient « c'est un métier l'accueil, il faut aimer les gens » et aussi avoir du temps.

« Redynamiser les territoires ruraux »

L'agritourisme n'est pas à négliger puisque 3,7 millions des arrivées voyageurs sont dans des communes de moins de 2 000 habitants, précise le directeur de la communication d'Airbnb. Il insiste, « avant notre arrivée sur le secteur en 2014, on était à 150 000 (arrivées voyageurs, ndlr). C'est une explosion du tourisme rural ». En effet, par le biais de sa communauté utilisatrice, la célèbre plateforme est devenue un acteur majeur du tourisme rural en étant présente dans 28 000 communes sur les 35 000 que compte l'hexagone.

Airbnb anticipe donc une progression de l'agritourisme, dans le sens des tendances sociétales de « tourisme vert » et de « besoin de reconnexion » des citadins. Ce qui n'est pas pour déplaire à Luc Waymel, vice-président des maires ruraux de France pour qui l'enjeu c'est de « redynamiser les territoires ruraux ». Il insiste, à la campagne « on a vu nos hôtels de campagne se fermer au fur et à mesure » et maintenant, il faut « réussir à attirer le public ». Pour lui « il faut que les collectivités locales mettent le paquet pour attirer les touristes et les garder » par le biais d'infrastructures par exemple.

Appel à projets

Bienvenue à la Ferme, Airbnb et Miimosa ont lancé il y a 3 ans un partenariat pour accompagner les porteurs de projet d'agritourisme durant leur phase de lancement. Pour les 10 lauréats, Airbnb attribuera une aide financière allant jusqu'à 5 000 euros par projet et Bienvenue à la ferme offrira 1 an d'adhésion au réseau et accompagnera la mise en place des projets avec l'aide des conseillers locaux des Chambres d'agriculture. Les porteurs de projet ont jusqu'au 30 juin pour lancer leur collecte de financement participatif sur le site agritourisme.miimosa.com. Nouveauté 2020, un prix spécial sera décerné par Airbnb pour « l'expérience » proposée par le porteur de projet.