Les prix mondiaux tiraillés entre récoltes abondantes et retards de semis

Les marchés des céréales et des oléagineux balancent entre des éléments haussiers et baissiers liés aux conditions climatiques aux quatre coins de la planète. Michel Portier, directeur général d’Agritel, décrypte la situation actuelle.  

Tous les regards se focalisent en ce moment vers les États-Unis, où les conditions climatiques retardent considérablement les semis de maïs. En raison des pluies qui persistent sur les plaines de l'est et du centre du pays, « seulement 50% des maïs étaient semés au 20 mai, contre 80% habituellement », indique Michel Portier, directeur général d'Agritel. 

Cette situation a permis une remontée des cours du maïs, qui a entraîné celle du blé. Mais ce léger sursaut est contrebalancé par les bonnes estimations de récolte en Europe et dans le bassin de la Mer noire. Alors que les bilans mondiaux s'annoncent très confortables, « il va falloir profiter de la hausse des cours », estime Michel Portier, qui conseille de vendre 40% de son blé avant récolte. 

En colza, « la situation en Europe est mauvaise, aussi bien en Allemagne qu'en France », indique M. Portier. Agritel estime la production européenne de colza à 17,3 millions de tonnes, en dessous des chiffres annoncés par l'USDA. Pas de quoi permettre aux cours de grimper pour autant, car les incertitudes pèsent autour du complexe oléagineux : les farmers américains vont-ils remplacer le maïs qu'ils n'ont pas pu semer par le soja, entrainant ainsi une hausse de la production ? 

Ces deux éléments haussiers et baissiers rendent le marché peu volatile. « Si l'on veut se protéger, il est possible de prendre des options. Sur le colza, la volatilité n'est pas chère et les primes d'option sont peu coûteuses », fait savoir Michel Portier.