Bien-être des agriculteurs : et si on en parlait ?

Partie 2/6

Réduire la pénibilité du travail

L’agriculteur travaille avec le vivant. Que la production soit végétale ou animale, le vivant demande une attention particulière et une astreinte quotidienne. Un deuxième facteur à l’origine d’un stress particulier pour les agriculteurs, correspond à leurs conditions de travail, et notamment la pénibilité induite par ces conditions.

En 2016, alors que 45% de l’ensemble des travailleurs déclarent exercer un travail avec une pénibilité physique intense, ils sont plus de 80% dans le monde agricole. De plus, les exploitants se démarquent des autres professions par leurs très fortes contraintes horaires :

- Plus de 75% déclarent ne pas avoir 48 h de repos consécutifs dans la semaine

- 80% déclarent travailler 40 h ou plus

- 85% déclarent travailler souvent le samedi et 55% le dimanche.

Les troubles musculo-squelettiques (TMS) constituent la première cause des maladies professionnelles reconnues en agriculture (93,3% en 2016) (MSA, 2016). Les facteurs de risque identifiés sont multiples et vont des contraintes physiques et psychiques à celles liées à l’organisation du travail.

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Au-delà de la souffrance et des situations de précarité que les TMS peuvent induire pour les travailleurs, leurs conséquences humaines, sociales et économiques sont telles que leur prévention est un enjeu prioritaire pour la MSA. C’est dans le but de prévenir ces TMS que les équipes Santé Sécurité au Travail (SST) des MSA interviennent le plus en amont possible. Elles se composent de 950 salariés, composés de conseillers en prévention, de médecins du travail et d’infirmiers de santé au travail, répartis dans les 35 MSA et 33 dans la caisse centrale.

Plusieurs risques professionnels peuvent être identifiés dans le cadre de la pénibilité : les contraintes physiques marquées (charges lourdes, postures pénibles, vibrations mécaniques), les contraintes issues d’un environnement physique agressif (agents chimiques dangereux, température ou pression élevée) ou encore des contraintes liées aux rythmes de travail (répétitif, de nuit…).

Afin de lutter contre la pénibilité, il faut d’abord être capable de l’identifier. Reconnaitre le problème est la première étape de sa résolution. C’est l’objectif du guide « Evaluation de la pénibilité au travail de métiers de l’agriculture » (Agriculture.gouv, 2017). Missionné par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, le CGAAER (Conseil Général de l’Alimentation, de l’Agriculture et des Espaces Ruraux) a analysé des données relatives à l'exposition aux risques de 33 métiers agricoles. Ce guide poursuit le double objectif de donner les moyens aux employeurs de la production agricole, des travaux agricoles et de la forêt, de déclarer les situations d’exposition, mais aussi, faciliter le développement de la prévention de la pénibilité.

Des astuces pour réduire la pénibilité

Afin de réduire la pénibilité du travail, plusieurs solutions émergent. C’est ce que fait Naïo Technologies qui a mis au point plusieurs robots visant à assister les agriculteurs, notamment les viticulteurs et les maraichers. Après 10 ans d’existence, les 5 robots de Naïo Technologies travaillent sur plus de 60 000 hectares pour 250 machines commercialisés dans le monde et emploient 70 salariés.

La pénibilité se niche également dans l’ensemble et l’accumulation de petits gestes du quotidien. Des solutions simples sont parfois suffisantes pour améliorer son bien-être et gagner du temps. C’est l’objectif du concours « Trucs et astuces » développé par la MSA. Il valorise les agriculteurs ayant mis en place un dispositif permettant de simplifier, faciliter ou améliorer leur travail.

Prenant en compte l’amélioration du travail de l’élevage, la sécurité et le confort de l’éleveur, la facilité de réalisation, le coût, et le respect du bien-être animal, la chambre d’agriculture de Normandie a dévoilé les lauréats de l’année 2021 (Chambres d’Agriculture de Normandie, 2021).

On retrouve notamment parmi ces lauréats :

- « La canne à Pschitt » : avec une simple béquille et une heure d’installation, cette astuce permet de vaporiser des traitements à distance afin de soigner les vaches qui boitent ou lèvent la patte. À la clé, un gain de confort et de sécurité pour l’éleveur et la vache ainsi qu’une facilité et rapidité d’intervention sans stress pour les animaux.

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- « La pince à délier » : L’astuce est une pince à balles d’enrubannage qui a été transformée pour couper les ficelles et les récupérer. Au moment d’approcher le big au-dessus de la pailleuse, il est glissé sur un couteau de mélangeuse qui coupe les ficelles. À la clé, une économie de 15 min par jour, un gain d’efficacité et de sécurité (réduit le risque de chute).

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- Porter 8 seaux sans efforts : L’astuce consiste à équiper le châssis d’une brouette de supports à seaux de nurserie afin de réduire la pénibilité liée au port de seaux d’aliments pour les brebis et le temps dû aux allers-retours. Réalisé presque sans frais et en 2 h de montage, ce nouvel outil permet de transporter 80 kg d’aliment par trajet sans effort et est accessible à tous (pas de formation).

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>> Partie 3 : Simplifier la gestion administrative

 

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