Comprendre l’enjeu du carbone en agriculture

Partie 1/5

Mécanismes du carbone et activités agricoles

Comprendre les flux d'émissions et les stratégies de captation et de stockage du carbone, ainsi que le rôle de l’agriculture, est essentiel pour lutter efficacement contre le changement climatique.

L'un des enjeux majeurs de notre époque est la réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) responsables du réchauffement climatique. En volume, le dioxyde de carbone (CO2) représente près de 80% des GES dans l’Union européenne (UE). S’il est produit naturellement lors de la respiration et de la décomposition de la biomasse, il provient en grande partie de la consommation d’énergies fossiles, telles que le pétrole, le charbon et le gaz naturel - des énergies largement prédominantes dans les transports, l’agriculture, l’industrie manufacturière ou encore le chauffage des bâtiments.

Le méthane (CH4) est le second facteur du réchauffement climatique. Il est principalement issu de la combustion des énergies fossiles et de l'élevage, en particulier de la fermentation des ruminants. Bien que les émissions de méthane soient nettement moins importantes en volume (12% des GES dans l’UE), leur potentiel de réchauffement est 84 fois supérieur à celui du CO2 sur une période de 20 ans. En d'autres termes, une tonne de méthane relâchée aujourd'hui aura un impact de réchauffement 84 fois plus important dans les deux décennies à venir par rapport à une tonne de CO2.

Les autres GES, émis en quantité moindre, ont souvent un pouvoir de réchauffement supérieur : 273 fois plus (à 100 ans) que le CO2 pour le protoxyde d’azote (N2O) - notamment émis par l'action microbienne dans le sol lié à l'utilisation d'engrais - et plusieurs milliers de fois pour les hydrofluorocarbures (gaz réfrigérants, aérosol…). Ainsi, les effets de l’ensemble des GES d’une activité sont généralement exprimés en équivalent de CO2.

Emissions dans l'air des GES agricoles en France (en % d’équivalent C02). Métropole et Outre-mer UE - Source Citepa édition 2023 « Inventaire national d'émissions de gaz à effet de serre et de polluants atmosphériques » - citepa.org

L’agriculture a un rôle unique de stockage du carbone

La photosynthèse est un processus majeur de captation du carbone. Sous l'effet de la lumière solaire, les plantes absorbent le CO2 de l'atmosphère et le transforment en sucres pour leur propre croissance. Ce carbone est stocké dans les végétaux puis transféré dans les sols sous forme de matière organique. Cependant, il peut être réémis dans l'atmosphère par la respiration des organismes qui consomment ces plantes.

Par la photosynthèse, le carbone est stocké dans les végétaux puis transféré dans les sols sous forme de matière organique.

L'agriculture est à la fois un important émetteur de GES en France, représentant 19% des émissions totales, et un élément essentiel de la lutte contre le réchauffement climatique. Le rôle de « puits de carbone » des sols agricoles par la séquestration du carbone offre une opportunité majeure de décarbonation qui doit être reconnue. Depuis 30 ans, les efforts déployés ont déjà permis de réduire les émissions agricoles.

De plus en plus d’exploitations s’engagent dans une démarche, généralement labellisée, de réduction de leur impact carbone (réduction des émissions, augmentation du stockage). Cela se matérialise, par exemple, en diminuant la quantité de protéines achetées dans la ration des ruminants, en favorisant l’utilisation d’engrais organiques ou en accélérant la plantation d’arbres et de haies (voir chapitres suivants).

 

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