400 vaches mortes : les éleveurs laitiers victimes des éoliennes attendent un ultime rapport

En Loire-Atlantique, deux élevages accusent les éoliennes toutes proches d’entraîner de graves troubles sur leurs animaux. Une commission d’enquête mise en place en juin 2020 devrait rendre ses conclusions d’ici fin janvier.

Le 19 décembre, Didier et Murielle Potiron, de l’Earl du Lody, éleveurs laitiers à Puceul, ont posté sur facebook une photo d’une vache morte accompagnée du message «Merci les services de l’état. Merci la profession agricole. Merci les scientifiques. Merci la filière éolienne. Voici le 400ème bovin mort depuis 2012.» Tout a commencé en octobre 2012 avec l’installation entre Puceul et Nozay du parc éolien des Quatre seigneurs.  Des riverains et des éleveurs, en particulier l’Earl du Lody (85 VL) et sa voisine Céline Bouvet (80 VL) ont commencé à se plaindre de troubles divers: maux de tête et insomnies pour les habitants et, pour les vaches laitières, baisse de production, hausse des cellules, mammites, problèmes de fécondité, mortalités brutales, troubles du comportement (agitation, refus de traite, décrochage…). Les données du robot à l’Earl du Lody et celles du contrôle laitier chez Céline Bouvet ont confirmé ces problèmes. «Nous avons d’abord essayé différentes solutions avec des géobiologues, sans succès, indique Didier Potiron. Nous avons donc déposé plainte, ce qui a entraîné la mise en place d’un protocole GPSE (Groupement Permanent de Sécurité Electrique) qui a rendu son rapport en 2016

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Le propriétaire du parc refuse la mise hors tension temporaire pour faire des tests

Le GPSE, qui associe la profession agricole et les opérateurs de l’énergie, intervient à la demande d’agriculteurs ayant des problèmes liés aux courants électriques. Le protocole mis en place sur les deux élevages a montré la «coïncidence chronologique» entre l’installation du parc et l’apparition des problèmes. «Mais nous n’avons pas trouvé d’explication, indique Arlette Laval, experte du GPSE. Les mesures n’ont jamais montré de tension anormale. Il aurait fallu poursuivre les analyses.» En 2017, une mise hors tension accidentelle des éoliennes pendant 4 jours a encore renforcé les suspicions. «Le robot a alors montré -43% de décrochages, +140% de passages en stalle et +2,7% de lait», indique Didier Potiron.

En 2019, les deux élevages ont réalisé la mise en conformité électrique de leurs installations. «Les problèmes ont continué, ce qui prouve qu’ils viennent de l’extérieur, soit des infra-sons, soit des ondes électro-magnétiques véhiculées par l’eau dans le sol.» En juin 2020, une commission d’enquête a été mandatée par les ministères de la Transition écologique et de l’agriculture pour auditionner tous les acteurs et faire la synthèse des études réalisées. Son rapport est attendu d’ici fin janvier.

"Depuis huit ans, rien n'a avancé"

En attendant, un protocole d’analyses complémentaires a été élaboré. «Il prévoit 3 semaines d’expertise, avec la mise hors tension des éoliennes pendant 7-10 jours», indique Céline Bouvet. Une audio-réunion organisée par la sous-préfecture était prévue le 16 décembre pour en discuter. Mais la veille, le représentant de KGAL, propriétaire du parc, a envoyé un mail signalant qu’il refusait la mise hors tension des éoliennes et rappelant que le parc «respecte les normes françaises d’installation». Les négociations seraient toujours en cours pour qu’il change sa décision.

«Depuis huit ans, rien n’a avancé, déplore Didier Potiron. Les problèmes continuent, sans aucune indemnisation.» Les éleveurs attendent donc le rapport de la commission d’enquête en espérant qu’il puisse faire avancer le dossier. Une délocalisation des exploitations est aussi envisagée. «Mais qui paiera?» se demande Didier Potiron. Céline Bouvet, quant à elle, se dit trop découragée pour tout recommencer ailleurs. L’Anast (Animaux Sous Tension), association regroupant des éleveurs victimes de troubles liés selon eux aux ondes électromagnétiques émises par des lignes haute tension, transformateurs, antennes relais, éoliennes… organise une conférence de presse le 20 janvier à 11 h sur l’exploitation de l’Earl du Lody.

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