61% de la viande rouge consommée en France est transformée

La raréfaction de l’offre et l’évolution de la consommation vers des produits transformés changent le paradigme du monde de la viande.

Conjoncture – Le Salon de l’Agriculture a ouvert ses portes sous très haute tension, après l’invitation (avérée ou pas) du mouvement du soulèvement de la terre au débat voulu par le Président de la République. Le salon donne également lieu à la visite de nombreuses personnalités politiques qui ont toutes un avis et des solutions pour surseoir au malaise des agriculteurs sur un fond qui reste la défense du revenu des éleveurs dans un univers de plus en plus contraint par des normes européennes surtransposées par une admiration française qui excelle dans ce genre d’exercice. La colère des agriculteurs contre ces mille feuilles administratives s’étend bien au-delà de nos frontières, avec des manifestations monstres dans de nombreux pays et un point d’orgue ce lundi à Bruxelles.  

De très nombreuses mesures ont été prises ou promises pour permettre aux agriculteurs de relever la tête. Les éleveurs allaitants, qui ont les revenus les plus bas, devraient pouvoir bénéficier d’aide substantielle, avec dans un premier temps un recensement des situations les plus critiques.

L’annonce par le Président de la République de l’application de prix planché, est-elle une fausse bonne nouvelle tant son application semble complexe. Néanmoins, si cela sert de base de travail sur des marchés captifs comme les appels d’offres institutionnels, cela ira dans le bon sens. En revanche ces annonces vont très vite se trouver confrontées à la loi du marché qui reste la règle dans un marché français ou européen de libre-échange, voire à l’international pour les produits du grand export. 

La nouvelle mouture de la loi Egalim devrait redéfinir certaines règles dans les négociations commerciales, avec pour base le coût de revient de chaque production. Or si certains secteurs ont déjà effectué le travail, comme pour les animaux de race à viande, d’autres secteurs sont beaucoup plus compliqués à cerner ou à mettre en place comme le prix des réformes laitières ou des veaux avec des coûts de revient, conditionnés par la valorisation du prix du lait.

Cette revalorisation justifiée des prix des produits agricoles pose en revanche une question sur l’acceptation (malgré leurs soutiens) des ménages dans leurs actes d’achats. Suite à l’accroissement des prix de l’an passé, la consommation de viande bovine qui se montrait relativement stable a connu une baisse de 3,7% en 2023, ces baisses étaient de 3,5% pour le porc et de 5,6% pour la viande ovine dont les tarifs restent à des sommets. Face à ces baisses de compétitivité, ce sont les abattoirs qui souffrent, pris en étau entre des approvisionnements qui limitent la charge des outils industriels, la chute du prix des coproduits et la hausse des charges (équarrissage, énergétiques…). Selon le rapport au Parlement 2023 de l’observatoire des prix et des marges, le taux de marge nette des abattoirs est passé de 1,2 % à 0,8 % pour la viande bovine en 2022 et de 2 % à 0,5 % pour la viande porcine.          

La raréfaction de l’offre et l’évolution de la consommation vers des produits transformés vont changer le paradigme du monde de la viande. Les ventes de viande diminuent beaucoup moins vite que la production, ce qui profite aux importations principalement européennes, dont la traçabilité devrait être beaucoup plus claire avec la loi de programmation agricole.

Dans l’étude « Où va le bœuf » publiée par l’IDEL, la viande hachée représentait 48% de la consommation de viande en 2022, ce chiffre monte jusqu’à 61% si on y ajoute les plats préparés (voire 65% en GMS).

Cette évolution permanente de la consommation pose la question de fond sur l’adaptation de nos productions aux besoins.